Jacques MORIN


Né en 1950 à Paris. Vit près d’Auxerre.
A animé les revues Le Crayon noir, puis Le Désespoir, Précisément et enfin depuis 1981 Décharge, qui en est au n° 145.
A récemment publié : Les caldeiras de la morgue (Wigwam), Lettre à l’embryon (Jacques Brémond), Poèmes sportifs en Puisaye-Forterre (Les Carnets du dessert de lune), Polder, deuxième génération (Gros textes), Une fleur noire à la boutonnière (L’idée bleue),
Jusqu’à l’âme (Gros textes). A paraître : La poésie de A à Z selon Jacmo (Rhubarbe).

 

Nous écrivons   manifestement
une poésie dépenaillée

une poésie de chat de gouttière
qui miaule à la vie

une poésie huileuse
qui colle aux mains

clochards lunaires
nous sommes les seuls à percevoir
que la terre est un astre mort
et que les êtres s’y dévitalisent
depuis des générations

nous émettons nos symboles
sur ondes diagonales
et nous passons pour des fantômes
aux yeux des aveugles

clochards lunaires
nous sommes les seuls à percevoir
ces globes sans lumière

une poésie de haillons de guenilles

Arlequins aux tristes hardes
notre drapeau c’est bien cette nuit rapiécée
drap rêche de nos linceuls

une poésie de coin de rue de terrain vague
Pierrots défoncés

honnie notre poésie de désespoir flamboyant
tue notre poésie de misère éblouissante
en dehors   manifestement