Nous écrivons manifestement
une poésie dépenaillée
une poésie de chat de gouttière
qui miaule à la vie
une poésie huileuse
qui colle aux mains
clochards lunaires
nous sommes les seuls à percevoir
que la terre est un astre mort
et que les êtres s’y dévitalisent
depuis des générations
nous émettons nos symboles
sur ondes diagonales
et nous passons pour des fantômes
aux yeux des aveugles
clochards lunaires
nous sommes les seuls à percevoir
ces globes sans lumière
une poésie de haillons de guenilles
Arlequins aux tristes hardes
notre drapeau c’est bien cette nuit rapiécée
drap rêche de nos linceuls
une poésie de coin de rue de terrain vague
Pierrots défoncés
honnie notre poésie de désespoir flamboyant
tue notre poésie de misère éblouissante
en dehors manifestement |