POÈTES & POÈMES

 

Marc DELOUZE

 

 

Marc Delouze à la Boite aux Lettres                    Marc Delouze

 

Marc Delouze.
Né à Paris. Vit entre Paris et Fécamp.

Premier recueil : Souvenirs de la Maison des Mots (1971) préface de Louis Aragon ("Par manière de testament"). Il crée en 1982 Les Parvis Poétiques qui organisent des événements, expositions sonores et lectures-spectacles et festivals : Tout un poème (Paris), cofondateur du festival Voix de la Méditerranée, (Lodève). Conseiller littéraire du festival C'Mouvoir (Cantal).
Après un silence volontaire d’une vingtaine d’années, il s'en revient à la poésie ET à la prose, "par la force des choses", en 2000. Ses poèmes sont traduits en anglais, italien, espagnol, hongrois, russe, ukrainien, serbe, grec, maltais, chinois, arabe, hébreu, macédonien, turc, malayalam.
Il se produit en collaboration avec des musiciens, en France et dans des créations à l'étranger : Chine, Taïwan, Inde, Kosovo, Centrafrique, Serbie, Hongrie, Turquie, Slovénie.
Marc Delouze est présent dans diverses anthologies et nombre de revues : Les Lettres françaises, Action poétique, Europe, Apulée, Décharge, Doc(k)s, Zone sensible, Le Matricule des anges, recoursaupoème…

Parmi ses Publications :

Poésie : De rupestre mémoire, conversations avec des tableaux de Jean Villalard et de Patricia Nikols, Rougier V éditions. 2020, Deuil du singe, Les lieux-Dits, 2018, Petits Poèmes Post-it, Maelstrom, 2018, 14975 jours entre, la Passe du vent, 2012, T'es beaucoup à te croire tout seul, La passe du vent, 2000.

CD : Jusqu’à quand, avec Marc Delouze (textes et voix), Nancy Huston (voix), Maxime Perrin (composition, accordéon). maxaZurA Production / productionmaxazura@gmail.com 2021

Théâtre : Mai68 aussi loin que possible, préface de Joël Jouanneau, Les Cygnes, 2020.

Récit : Chroniques du purin, roman, l'Amourier, 2016, C'est le monde qui parle, récit, Verdier, 2007

Essais : Des poètes aux Parvis, préface de Henri Meschonnic, Anthologie poétique, La passe du vent, 2007
Traduction : Poèmes de Younous Emre, (avec Guzine Dino), Dessins d’Abidine Dino. Publications Orientalistes de France, 1973, Anthologie de la poésie hongroise, coédition Corvina (Budapest) et Éditeurs français réunis (Paris), 1978.
Une vingtaine de Livres d'artistes


Poèmes extraits de

Poèmes des confins, [in La Divine Pandémie], à paraître aux éditions, Æthalidès, mai 2022 ; CD (musique Maxime Perrin), 2021.

Requiem pour Ali [in Deuil du singe], éditions Les lieux dits, 2018

 

06 avril 2020

toutes ces choses que l’on fait
qu’avant nous ne faisions jamais
ou si peu
petits travaux sans importance,
investissements sans conséquence,
innovations sans lendemain

ce qui servait à rien
soudain fondamental

toutes ces choses subalternes
et cependant indispensables
sans quoi peut-être l’essentiel
de nous
croulerait

tous ces gestes insignifiants
qui nous maintiennent verticaux
nos jours sont une haie d’étais
arcs-boutants de notre cathédrale intérieure
sans lesquels notre foi
de vivre s’écroulerait

Dans le monde c’est tout pareil.
Rien n’y est plus ce qu’il était.
Les moins que rien devenus plus que tout.
Les Grands Sachants soudain Tout Ignorants.

Rassurons-nous tout reviendra comme il se doit
dans la grande brutalité des jours avides
d’avant.

Poèmes des confins, [in La Divine Pandémie], à paraître aux éditions, Æthalidès, mai 2022 ; CD (musique Maxime Perrin), 2021.

 

*


 

A la mémoire d’Ali Podrimja, poète du Kosovo, invité du festival Les Voix de la Méditerranée, à Lodève, retrouvé mort, couché face au ciel, sur les pentes du plateau du Larzac, en juillet 2012.

(les poèmes en italiques sont d’Ali Podrimja, traduits par Alexandre Zotto)

 

je tourne en rond
sur la terre étrangère
léger
au risque de m’envoler avec mon âme
[…]
non
rien que la brûlure du soleil
qui me guide

du soleil qui me guide

du soleil qui me guide
sur la route
que je ne connais pas

les collines m’appellent
je les entends

les buissons déchirent le silence
je les entends
[…]
mon ombre rétrécit
quand c’est la nuit
elle est
(mon ombre)
toute la terre
alors je me repose en elle

mon ombre m’abuse
tantôt  je la poursuis
tantôt elle se fait oublier

que m’arrive-t-il là ô Seigneur

le soleil a paru à l’horizon
je trébuche et tombe
quelque part au-delà de l’espace blanc

et je  tourne tourne sur moi-même
incertain de cette ombre
à prendre ou à laisser

Requiem pour Ali [in Deuil du singe], éditions Les lieux dits, 2018
Isabelle LAGNY

 

 

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Isabelle LAGNY, poète, écrivaine et photographe, née en 1961 à Paris.

Après des études de médecine, j’ai fait plusieurs années de recherche en biologie, puis je suis retournée vers la médecine en 1995. C’est au cours de ma nouvelle activité professionnelle de médecin du travail, que j’ai rencontré à ma consultation, Salah Al Hamdani, poète d’origine irakienne, alors bibliothécaire dans un hôpital en région parisienne. J’ai commencé à collaborer avec lui à la traduction d’arabe en français de ses textes poétiques et de ses récits. Nous avons également fait des lectures de ses textes à voix haute ensemble. De cette collaboration inattendue, qui a abouti à la publication en France d’une dizaine de livres à ce jour, est née ma propre envie d’écrire de la poésie et des récits dans ma langue maternelle. Ils ont été publiés à partir de 2002. J’avais écrit auparavant un essai engagé de psychosociologie (Isabelle Pourmir (Lagny), Jeune chercheur, souffrance identitaire et désarroi social, Ed. L’Harmattan, 1998).

Dernières publications littéraires:
Comme auteure : Le Sillon des jours, Ed. Le Temps des Cerises 2014 (épuisé), 2ème Ed. Pippa 2017 ; Contrejour amoureux, Dialogue poétique avec Salah Al Hamdani, Ed. Le Nouvel Athanor, 2016 ; Poèmes d’Alya, Ed. La lune bleue, 2018 (épuisé) ; Nuit Inversée, Ed. Al Manar, 2018 ; Este gesto-nuvem (Ce geste-nuage), bilingue français-portugais (trad. A. Moura, Brésil), Ediçôes do Escriba 2019; Rendez-vous dans quinze jours, récits, Ed. Unicité, 2021.
Mes dernières publications  en traduction avec Salah Al Hamdani: Loin de Damas, d’Omar Youssef Souleimane, Ed. Le Temps des Cerises, 2017 ; L’arrogance des jours, de Salah Al Hamdani, Ed. Al Manar, 2019.
Certains de mes poèmes et de mes récits ont été traduits et publiés en revue littéraire, en français, en arabe, en espagnol, en portugais et en hébreu.

Comme photographe, je réalise des expositions de photos depuis 2013 et je suis l’auteure d’un livre de photographies avec des textes de Nicole de Pontcharra (bilingue français-arabe trad. de Salah Al Hamdani) : Marrakech, à l’ombre de l’enfance, Ed. Réciproques, 2015.

J’ai collaboré avec des plasticiens dans les livres d’artistes ou des éditions courantes : Yousif Naser, Chloé Latouche, Laodina Legal, Ghassan Faidi, Philippe Lavialle ; avec des musiciens lors de lectures en public : Arnaud Delpoux (guitare), Catherine Warnier (Violoncelle), Remi Masunaga (Piano), Raùl Barboza (Accordéon), Christian Michard (Guitare) et Tosha Vucmirovic (Clarinette).

Des comédiens et des poètes m’ont fait l’amitié de lire mes poèmes en public en français ou dans d’autres langues : Maud Rayer et Catherine Jarett (comédiennes, France), Myriam Montoya (poète, Colombie) et Antônio Moura (poète, Brésil).
Anne de Commines, poète et écrivaine, a dessiné mon portrait d’écriture en poésie dans Le livre parlé par 23 poètes, Ed. Unicité, 2019.


Poèmes extraits de

Le sillon des jours, éditions Le Temps des Cerises, 2014
Contrejour Amoureux, coécrit avec Salah Al Hamdani, éditions Le Nouvel Athanor, 2016
Nuit inversée, éditions Al Manar, 2018

 

Les chardons brûlants

Tous les jours heureux ne sont pas dépassés
Regarde ta montre
les aiguilles et les chiffres
aussi grands que ton âme

Nos enfants rient de rien
Espoir dans ce joli rien
qui efface l’angoisse

Parcourant au rythme de tes maux
toutes ces pièces
au parquet usé par notre histoire
ma chambre
où la lumière n’a pas changé
la tienne
où les photos familiales
se serrent dans une joie suspendue
près des chardons poussiéreux
cueillis par moi il y a trente ans

L’immense armoire
où l’on collecte
ce qui est inutile
et tes vêtements les plus beaux
qui s’ennuient
attendant le jour anniversaire
toujours repoussé
où tu te feras belle

Près de Notre-Dame
se languit la Seine
sous le regard d’arbres
incandescents
tandis que mon attente de toi, mère
est ployée
au risque de se perdre
quand tu te veux absente
à notre histoire

Alors tel un chien qui tient sa propre laisse
je ramène mes sentiments inutiles
vers ta main
et souffle leur flamme
en attendant
des jours meilleurs

Qui me dira
ce que la vieillesse continue d’effacer ?

Qui me dira
pourquoi j’ai reçu de toi
cet amour de l’horizon ?

Le sillon des jours, éditions Le Temps des Cerises, 2014

 

                                                           *

 

Retard

Tu as oublié de revenir
Cela fait trente ans de disparition ocre
De plis infinis et de lignes blanches
Autour des paupières de ma mémoire
J’ai gratté le fond du fleuve avant de te quitter
L’ai déposé au fond de mes poches d’enfant
Où s’accumulaient crayons de couleurs neufs
Et dents de lait
J’ai compté combien de fois tu m’avais embrassée
Puis j’ai plié des quantités de bateaux
Avec la même feuille
Pour attendre ton impossible retour

Nuit inversée, éditions Al Manar, 2018


 

Raphaël MONTICELLI

 

 

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                                                                            Photo : Marc Monticelli

 

Raphaël Monticelli.
Né en 1948, à Nice. Études de lettres (université de Nice) et d’art dramatique (conservatoire de Nice).

Fonde, en 1967 avec Marcel Alocco, le groupe et la revue INterVENTION auxquels participent notamment Carmelo Arden Quin, Daniel Biga, Noël Dolla, Max Charvolen, Serge Maccaferri, Martin Miguel, Patrick Saytour, Claude Viallat. Travaille, depuis cette date avec des artistes, des écrivains, des musiciens et produit des œuvres  croisées avec nombre d’entre eux.

Entre 1979 et 1994, a animé avec les artistes Martin Miguel et Max Charvolen, deux galeries associatives : Lieu 5 et Le Cairn, toutes deux à Nice.

Enseignant, il a été chargé de missions éducatives, culturelles et artistiques de 1984 à 2008.
Délégué académique à l’éducation artistique et culturelle (académie de Nice) de 2002 à 2008.
Membre de l’association internationale des critiques d’art. Parmi les artistes et écrivains pour lesquels il a écri, on peut noter par exemple Jean-Jacques Laurent, Leonardo Rosa, Michel Butor, Daniel Biga, Bernard Noël, Martin Winckler, Anne Valérie Gasc, Amandine Ducrot, Manuel Casimiro, Albert Chubac, Martine Orsoni, Luc Warneck, Henri Maccheroni, Bernard Venet, Giuseppe Becca, Remo Giatti, Pierrette Bloch, Valérie Sierra, Giovanni Rubino, Sabrina d’Agliano, Henri Baviera, Michèle Brondello, Fernanda Fedi, Alain Lestié, Eric Massholder, Fumika Sato, Wiliam Xerra, Rico Roberto…

Chevalier dans l’ordre des arts et lettres. Officier dans l’ordre des palmes académiques.

Quelques-unes de ses publications chez ses principaux éditeurs:
L’Amourier (Coaraze, 06) : série des Bribes (5 volumes parus), série des Madames (2 volumes parus en coécriture avec Alain Freixe)
La Passe du vent (Vénissieux, 69) : série des Chants à Tu (2 volumes parus, 1 volume à paraître)
La Diane française (Nice, 06) : Bibliophilie. 20 ouvrages parus tous illustrés d’estampes originales.

Depuis 2007 anime le site bribes-en-ligne.fr https://www.bribes-en-lignes.fr

 

 

Poèmes extraits de

Bribes, éditions de L’Amourier 1998-2015

Écrire Questionner l’altérité in Chants à tu, éditions La Passe du vent, 2019 ; Autres Ailleurs à paraître aux éditions La Passe du vent/La Rumeur libre

 

Bribe LV
Josué avait un rythme de torrent ; il avait du torrent les apparents caprices, l’apparente irrégularité, cette activité plus ou moins visible et qui, qu’elle soit spectaculaire ou occulte, a toujours quelque chose à voir avec le désespoir. Il avait du torrent les excès désespérés ; la même aridité leur était commune et saisonnière ; chaotique monument de galets, figeant son cours mais le rappelant sans cesse, image de la fluidité, comme une fossilisation de l’écoulement, et l’on sait bien que les nappes, cachées par en dessous, subsistent et bougent ; que, dans le calme et la certitude de poches profondes, des eaux limpides attendent la ruée ; que la surface ne se borne pas à restituer un squelette du courant ; qu’elle est l’épiderme d’une circulation constante qui a ses enchevêtrements, ses errances, toute une vie insoumise, irréfrénée ; le torrent peut, aux yeux du monde, crier son angoisse et sa souffrance, il

               Bribes, éditions de L’Amourier 1998-2015

 

*

 

Écrire
Questionner l’altérité

 

Légendes pour une migration

Pour Michel Butor
& Leonardo Rosa

Prendre le signe de l'Autre, le rouler dans la terre, l'eau, les cendres, l'y confondre, le faire brindille, radicelle, accident du terrain, relique du foyer, fossile. Naturalisation.

Se saisir du signe de l'Autre, le poser sur soi, faire sa propriété de l'Autre et s'en nourrir, se faire propriété de l'Autre et le nourrir. Cannibalisme.

Accueillir le signe de l'Autre, l'exalter, l'amplifier, s'en faire un motif, en développer des frises, des architectures, pans de murs, stèles, pages d'écriture. Culture.

Souffrir au signe souffrant de l'Autre, jouet du vent, des nuits, des vapeurs et des aubes, pâli, effacé, écartelé, perdu, brisé des espaces brisés. Déchirure.

Rêver les envols des signes de l'Autre, les voir parcourir les espaces, entre ici et là-bas, d'une rive à l'Autre, d'un pays à l'autre, d'un monde à l'autre. Génie civil.

Chants à Tu, éditions La Passe du vent, 2019


Évelyne MORIN

 

 

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© Photo Éliane Morin

 

Évelyne Morin, née à Tulle, vit en Essonne. Poète, professeure de lettres, comédienne à la compagnie théâtrale Les Trois Clous. Elle assure la programmation de Poésie & musique.orge.

Bibliographie
Le cri de l'aube   éditions PJ Oswald  1975
La défaillance des jours  éditions Caractères  1976
Miroirs  éditions Caractères  1978
Le jeu de moi  éditions Caractères  1985
La licorne du silence  éditions Caractères  1987
Rencontre occulte à mort perdue  éditions La Bartavelle  1991
Terre de mortes-lunes  éditions Table Rase  1992
La nuit d'Électre  éditions La Bartavelle  1996
Ombres, désirs  éditions Jacques Brémond  2000
Dernier train avant le jour  éditions Le dé bleu  2001
N’arrêtez pas la terre ici (Préface de Stéphen Bertrand)Polder/Décharge  2003
Non lieu provisoire  (Encres de Misko Pavlovic)éditions Cadex  2007
N’arrêtez pas la terre ici (Préface d’Anne Stell)éditionsLe Nouvel Athanor  2007
Cela, fulguré  éditions Gros textes  2007
Un retour plus loin  (Frontispice de Marc Pessin)  éditions Jacques Brémond  2007
Rouge à l’âme  éditions Potentille  2007
Matin de l’arbre levant  (Préface de Brigitte Gyr)  éditions Le Nouvel Athanor  2014
Le Bois des corbeaux  (photographies d’Éliane Morin)  éditions Gros textes  2015
Évelyne Morin, anthologie  éditions Le Nouvel Athanor, Collection Poètes trop effacés,  2018
Les bois flottés du jour  éditions Encres Vives, collection Encres Blanches n°760,  2019
Soleil juste la nuit,  éditions Henry,  2019
Une lumière incertaine, éditions Unicité, 2021
Ronde noire (Illustrations d’Alexandre Hollan)  à paraître aux éditions Jacques Brémond

Livres d’artiste
Effacement du jour, peinture de Colette Klein, Les Cahiers du Museur 2021
Psaume en noir et blanc, encres de Nourit Masson Sekine, Bandes d’Artistes, Les Lieux Dits éditons 2021

Présence dans les anthologies
La Poésie Mystique Contemporaine J-L Maxence, Presses de la Renaissance, 1999
Ce que disent les mots, de Pierre Maubé, éditions Éclats d’encre  2004
Polder Deuxième génération  éditions Décharge / Gros Textes  2005
Anthologie – 7 Multiples N° 71  2007
Anthologie Seghers, 2008, (Patrice Delbourg, Jean-Luc Maxence et Florence Trocmé ; Avant-propos Bruno Doucey)
Esprits poétiques 3. Dires d’elles Hélices 2010
Nous, la multitude anthologie poétique éditions Le Temps des Cerises 2011
L’Athanor des poètes, 1991-2011, par Jean-Luc Maxence et Danny-Marc, Le Nouvel Athanor 2011
Ouvrir le XXIème siècle, 80 poètes québécois et français Mœbius & Cahiers du sens 2013
Frumdrög að draumi, Ljóð franskra skáldkvenna Anthologie islandaise de poésie féminine française, Þhór Stefánsson, Oddur 2016
Participation à Le Banquet des absents Levée d’encre 2017

Participation à de nombreuses revues, dont Arpa, Bacchanales, Concerto pour marées et silence, revue, Imprévue (revue franco-américaine), Interventions à haute voix, Les Cahiers du sens, Comme en poésie, Décharge, Diérèse, Ficelles, Friches, La Traductière, Levée d’encre, Lieux d'être, Liqueur 44, La main millénaire, Multiples, Neige d’août, Poésie/première, Sarrazine, Souffles, Spered Gouez, Verso, Voix d’encre
Recours au poème, Balkan Sehara, revue de littérature des Balkans (revues en ligne)

Spectacle Miroirs ou l’opérette d’un sou, mis en scène par Jean-Louis Gonfalone en 1984, à partir de trois recueils ; musique : Gérard Garnier et Jean-Louis Gonfalone.

Membre du Jury du Prix de la découverte poétique de la Fondation Simone de Carfort, sous l’égide de la Fondation de France

Membre de la Maison des Écrivains et de la Littérature

Site : http://evelynemorin-poesie.fr


Poèmes

Psaume en noir et blanc, encres de Nourit Masson Sékiné, Bandes d’Artistes éditions Les lieux dits, 2021

Ni écrire, Poèmes inédits

 

Les branches s’écartent pour laisser passer les loups.
Ne rien dire qui raviverait les nuits mortes.
Les temps sont rouges.
Brûlants d’inconnu.
La lumière déploie son appel.
Ni dormir. Ni écrire.

Là-bas le fleuve.
Ses îlots de sable à l’arrêt du courant.
Paix du reflet de vivre.
Le mystère cesse de hanter le vide.
Apprivoisant la terre et le ciel.
L’instant peut être
à lui seul la lignée du temps.

Les mots sont
issus de feu.
Brûlure transmise
de femme en femme.
Jusqu’à l’extinction de la prière
en forêt ancestrale.

Ce sont mots issus
de terre.
De sauvage ascendance.

 

                                               *

 

Alors le noir disparut
Il n’y avait plus que le blanc
éblouissant paralysant

Un maillage de liens qui étranglait l’amour
La mort était trop proche pour en écrire
D’une irréalité trop réelle

Dépossédés de la liberté du destin
notre âme s’est repliée
dans un ailleurs
où nous l’avons perdue

Nous nous attendons
en un lieu
que nous ne connaissons pas

Il y a tous ces signes qui s’annoncent
dans l’obscurité
Ténèbres de la peur
d’un présent sans présent

Le battement des secondes
qui ne battent
d’aucun temps

Nous sommes du monde
Séparés du monde

Psaume en noir et blanc, encres de Nourit Masson Sékiné, Bandes d’Artistes, éditions Les lieux dits, 2021