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POÈTES
Yves-Jacques BOUIN
Poèmes extraits de
Un Bouin, c’est tout, éditions L’Improviste, 2013
Le soleil insiste, éditions Fers de Chances, 1999 (Prix Émile Snyder pour Paroles au contour des saisons, inclus dans ce recueil)
Bouinventaire IV
D’abord il n’y a personne
Ensuite il y a quelqu’un
Après il y a quelqu’un et un autre
Puis il y a quelqu’un un autre et lui
Plus tard il y a quelqu’un un autre lui et un quatrième
Une minute encore et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième et ceux d’à côté
Le temps passe et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté et un nouveau venu
Un moment s’écoule et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu et une qui n’était pas là avant
Un peu de patience et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant et celui qui n’était pas prévu
Une attente indéterminée et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu et elle
Un bref instant et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu elle et tout le monde
Une pause et il y a toujours quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu elle et tout le monde
Une semperachronique et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième elle un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu et Bouin que tout le monde attendait
Un Bouin, c’est tout, éditions L’Improviste, 2013
CONDUIRE
Qui nous dira le chemin des mains vers les corps, les appels ? Qui nous montrera le chemin des mains vers les mains ? Les mains qui se nouent, se défont pour les coups, les caresses. Les mains pour donner la mort, les mains pour mettre au monde ; et la même douce application, la même attention minutieuse. Les mains pour les passions.
Qui nous dira l’abandon des mains à l’horizon des adieux, et quand retenir et quand laisser aller les mains qui tiennent dans leur paume, à chaque seconde, les palpitations du monde ?
Qui nous dira le jour où la main trouve enfin sa place dans une autre et c’est l’éternité touchée du doigt ?
Et dans le geste de joindre les mains, l’ignorant augmente le silence d’une prière et lâche prise.
Une passée de paroles
Le soleil insiste, Éditions Fers de Chances, 1999
Yves-Jacques Bouin

Photo Jean-Marie Lardeau
Les débuts :
Université de Tours : Lettres.
Tours : Conservatoire section Théâtre. Comédien au Centre d’Art dramatique.
Venise et Saintes : Stages de formation théâtrale avec Jerzy Grotowski. Zigmund Molik : travail de la voix. Richard Cieslak, Stanilaw Cierski : happening.
Paris : Université de Censier - Section théâtre - Professeurs : Anne Ubersfeld, Jacques Lassalle, Didier Bezace.
Paris : Cours avec Jacques Baillon - la méthode Stanislavski. L’enseignement de Brecht. La méthode Jacques Baillon. Voix : Emilie Letendre, Irène Jarsky.
Activités :
Né en 1951, Yves-Jacques Bouin vit à Dijon après avoir passé 27 ans à Paris ; comédien, lecteur de poèmes, il consacre une grande partie de son art aux lectures et à la création de spectacles poétiques.
Il a créé en 1983 la Compagnie du Théâtre pour de Vrai.
Il a participé en 1995 à la création de la revue Courant d’Ombres.
Il a animé une émission littéraire pour Radio Enghien en 1996 / rubrique poésie.
Il a créé en Bourgogne, l’association la VOix des MOts dont il a été le responsable artistique de 2002 à 2011 : festival temps de paroles/ à Dijon, Côte d’Or et Bourgogne, TèmPoésie, rencontre avec un poète chaque mois et Salut Poètes !, rencontre annuelle avec trois poètes venus d’ailleurs et leur traducteur – 2004 : Allemagne / 2005 : Pologne / 2006 : Italie / 2007 : Espagne/ 2008 : Portugal : 2009 : Hongrie 2010 : Wallonie / 2011 : pays Nordiques - Suède, Finlande, Norvège, Danemark, 2012 : Suisse, 2013 : Roumanie, 2014 : Occitanie, 2015 : Québec, 2016 Suisse Angadine. Site : http://lavoixdesmots.org
Il organise des ateliers de lecture à voix haute et des ateliers d’écriture pour les bibliothèques, associations littéraires (Ex : Lire et faire Lire), établissements scolaires, IUFM, lieux hospitaliers et carcéraux.
Quelques indices :
Prix Emile Snyder pour Paroles au contour des saisons en 1997.
Bourse du CNL en 2000 : Résidence d’écriture dans la Nièvre.
Invitation en Pologne à Opole et Cracovie pour un cycle de lectures en octobre 2005.
Invitation au Festival Mondial de Poésie de Caracas en juin 2011.
Bourse du Conseil Régional de Bourgogne en 2011 : Résidence à Edenkoben en Rhénanie-Palatinat en septembre 2011.
Résidence dans les Yvelines de février à avril 2016.
Actuellement responsable de la collection 3,14 g de poésie aux éditions p.i.sage intérieur.
Dossiers réguliers dans la revue Décharge, intitulés : « Des voix venues d’ailleurs ».
Bibliographie :
Il a été publié dans de nombreuses revues : Contrordre, la Corde raide, Le Matin Déboutonné, Rétro-Viseur, Décharge, Parterre Verbal, Arpa, Gros-Textes, Ces gens-là, hors Série, Ici & là, Langue vive, Műhely (revue hongroise), Pages Insulaires, et dans des anthologies : Carré comme une roue de vélo 2006, éditions l’épi de Seigle. 101 poèmes contre le racisme 1998, 101 poèmes contre la guerre 2003, La poésie est dans la rue 2008, Et si le rouge n’existait pas ? 2010, Nous, la multitude 2011, éditions Le Temps des Cerises.
Il a également enregistré : Crier toujours jusqu’à la fin du monde, de Benjamin Fondane. (le Loup du Faubourg 2002 repris par malambo productions en 2009). Ballades au Clair de Plume (enregistrement collectif - Académie de Dijon 2005).
Recueils publiés :
La parole en appel dans le silence des mots (le Pré de l’âge ; 1989)
Une passée de paroles (éditions de l’épi de Seigle ; 1997).
Le soleil insiste (éditions Fer de Chances ; 1999 / Prix Emile Snyder pour Paroles au contour des saisons, inclus dans ce recueil.
Le poème qui n’en finit pas de commencer toujours (éditions de la Renarde Rouge ; 2001). Avec le soutien du CNL, en résidence d’écrivains dans la Nièvre.
Les temps de l’escalier nouvelle, dans un recueil collectif intitulé Quatre à Quatre, (éditions Nykta ; 2003). Avec le soutien de la DRAC Bourgogne.
De mots et d’amour (éditions de la Renarde Rouge ; 2007).
En octobre 2010 : Elle ne passe jamais bien loin aux éditions Mazette.
Janvier 2011 : D’un côté l’autre « ficelle » – Rougier V. éditions.
1er trimestre 2011 : Par celle aux éditions Clarisse.
3e trimestre 2013 : Un Bouin, c’est tout aux éditions l’Improviste.
2014 : Je crois que tout n’est pas fini, je vole aux éditions Rhubarbe.
2016 : réédition de Une passée de paroles aux éditions Mazette.
Publications en ligne :
La toile de l’Un : http://www.latoiledelun.c.la/
Mouvance.ca (Québec) : http://mouvances.ca
El Ghibli(Italie): http://www.el-ghibli.provincia.bologna.it/index.php?id=0&issue
La Petite librairie des champs : http://lapetitelibrairiedeschamps.blogspot.com (archives du blog - février 2011).
Levure littéraire : http://www.levurelitteraire.com
Sites : Présences sur le site internet du Printemps des Poètes, de La Maison des écrivains et de la littérature, et du Centre Régional du livre de Bourgogne.
A propos des deux derniers livres :
Elle ne passe jamais bien loin
éditions Mazette, 2010 / Monotypes de Luce Guilbaud, 10€
Yves-Jacques Bouin articule son recueil autour de la question : « mais que reste-t-il dans l’escarcelle du désir ». Tenter de le définir est complexe, inquiétant parfois. Appétit, passion, visée, les synonymes nous viennent qui pourraient répondre au « désir » du poète ou de poète. Mais parler du désir ne vaut pas pour accomplissement et lisant, une substitution de lettre opère – exercice fréquent chez Y.-J. Bouin – : de « désir » à gésir quelque chose, effectivement, nous parle de chute, de monde, de langue renversés, cachés, révélés fugacement, immobiles voire aux aguets. Qui « ne passe jamais bien loin » ? La mort ? La rencontre amoureuse ? Il y a dans ce travail étonnant un effritement de la langue, un choc des trois signe, signifiant, signifié, une poétique questionnée, déboulonnée en quelque sorte, choix thématiques et stylistiques étant sans cesse repensés, pulsés, énoncés comme à bout de souffle. Mort, parole d’amour et poésie « ne passe(nt) jamais bien loin ». Qui ne fait pas ou plus rapport ? Les mots entre eux, les êtres ? « rien nu seul » note le poète avant de poursuivre par « rien nu seul nul » avec la consonne « l » en plus – de « nu » à « nul » - qui borde un « saut vertigineux » dans le langage plus qu’elle n’inscrit et dont la mise en relation avec les autres mots se fait par l’allitération – seul / nul – avant de s’établir sémantiquement. Il faut en passer par là, peut vouloir dire le poète.
Que le recueil s’ouvre sur des points de suspension va dans ce sens. Commencer à dire entame, littéralement parlant : le poète prélève un bout du texte, suspend son intégrité. Ce qu’il rogne fait ellipse autant que dissémination ou pollinisation. Attaque, ensuite, comme on attaque une mesure musicale. Le sens est ainsi défié, mis en seconde position après le souffle, après le son, lettre après lettre. « Que reste-t-il ? » C’est bien ce que Y.-J. Bouin interroge. Il travaille sur ce matériau informe, dépecé, sur ce qui reste, sur ce qui lui reste non pas à dire mais pour « le dire », langage non seulement en action mais en formation-décomposition, mis en pièces pour une refonte quasi scénique, pour un poème dit à voix haute, « poèmadire » - nous annonce-t-il - et dont il nous semble à l’entendre qu’il y a là le « madera » espagnol, cette matière, bois, construction paraissant tout à la fois traduire comment et avec quoi écrire : « sac à mots troué rots vos mots vomis » ; « l’entrechoque des vers qui les tiennent et tiennent / les mots entre leurs pieds ».
Mais la « Poèmmatrice » fait une utilisation originale de la ponctuation et de la chronologie, les deux étant liées. Les différentes séquences sont amenées de trois façons : un point-virgule en caractères gras et mis au milieu de la page, faisant une pause séparatrice autant qu’une association logique sans que pourtant la voix ne retombe après lui comme elle le ferait après un point ; la mention de dates avec à la fois l’extrême proximité temporelle, la répétition et l’écart, le passage de 2002 à 2003, presque un « hors date » qui est d’ailleurs l’ultime et paradoxale datation du texte ; un monotype que Luce Guilbaud travaille au rouge, rappel de la déchirure et connotation organique – « c’est dans la souffrenfance / que se tordent les pouces nus dans la bouche / avant mots » - soit à dominante bleue, symbole de vide et de dissolution – « cherches compagne pour disparaître te dissoudre comme la verge dans la fuite famélique des alcools de la femme » - seuls les deux derniers monotypes portent des traces tantôt de vert, de gestation « sans date » tantôt d’ocre, celui du pollen, d’une conjugaison neuve comme si la compagne à laquelle s’adresse le poète est aussi la lettre en constante modification, rompant « toute laisse » dans l’acception poétique du terme.
Chantal Danjou – Revue Ici é là en ligne de la Maison de la Poésie de St Quentin en Yvelines.
PAR CELLE
éditions Clarisse 2011 / photo de l’auteur 5€
On pourrait commencer par dire qu’Yves-Jacques Bouin ne s’est pas trop cassé la tête pour chercher un titre puisqu’il a repris celui de la collection : Parcelles. Mais ce serait pour sourire. Yves-Jacques a d’abord créé une forme, très précise : une sorte de citation en haut, comme une exergue où en gras le titre apparaît, qui de même en gras sera aussi la clausule du texte. Et ce dernier commence obligatoirement par le titre général : par celle, ce qui entraîne de fait un titre au féminin. Le poème sera plus libre bien entendu en dehors de ces contraintes liminaires. Cette forme bien cadrée se révèle très efficace. Et le poète comme un Francis Ponge mâtiné d’Oulipo revisite un certain nombre de thèmes, d’objets, de sujets à sa façon. Si l’on pouvait classer ces pages, je penserais à deux catégories très opposées, il suffit d’égrener les titres : la lumière, la route, l’idée, la passante, la lueur, la fenêtre (deux fois), la flamme, d’un côté et de l’autre : la nuit, l’absence, les larmes, l’enfance, la chambre, la voix, l’attente, l’écriture (deux fois). Jour/nuit, dedans/dehors… l’opposition est évidente. A force d’écarquiller le noir pour être sûr de la voir // La nuit Est-ce la féminité des titres ? En tout cas, il y a chez Yves-Jacques Bouin une vraie sensualité qui nappe tous ses textes intimes. De même qu’à l’inverse pour ses poèmes lumineux, de vraies petites trouvailles émaillent les vers : Au cœur de la ville assis / A la terrasse des pensées ou bien (La table) Qui soutient les coudes / Des conversations Enfin il ne dédaigne pas travailler sur les sonorités : Bombyx battant des ailes au fond du pharynx ou bien Se nourrir de la fente / que la lumière enfante et sur les images, ainsi ce superbe oxymore : Un incendie de pénombre Encore une fois Yves-Jacques Bouin s’affirme comme un poète très fin, très délié, très délicat et pour tout dire très élégant.
Jacmo – Revue Décharge.
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Colette KLEIN
Poèmes extraits de :
C’est la terre qui marche sous mes pas, inédit
Dissoudre un peu de vie
dans les veines du jardin
comme on allume des soleils
dans un bal costumé
comme on affuble son regard
de couleurs interdites
dire et redire que le poème
est à lui seul un royaume
où la paix se partage entre vivants
sans trahison sans blessure.
C’est la vie qui déraisonne
Il faut arracher de soi ce qui reste de folie
après la peine
s’accoupler avec la lumière
avec le poème
dire et redire ce que le feu
donne à la pierre
mais également ce qu’il donne à la terre
après larmes et soupirs
germes de jonquilles et de rires éphémères.
Ce qui reste de folie
La terre me retient.
Pour combien de temps encore ?
Des nuits de chiffons s’amassent dans mes rêves.
Je ne sais si je dors, si je vis.
Je suis l’arbre qu’on interdit de toucher,
envahi de lichens et d’ombres millénaires.
Je crois que je marche, c’est seulement
que je tremble,
traversé de lueurs,
seul au milieu d’une forêt,
elle-même cachée par la brume,
dans les sous-sols
d’une ville désertée.
Il sera dit que la nuit
donnait un sens
à nos marches dans le désert.
Mais je suis née entre les herbes,
sous les cendres,
avec la guerre dans le sang.
Et mon sang
ne servira
qu’au silence
amadoué
par le rêve,
et toutes les fleurs qui renaîtront
de la terre gelée
diront aussi l’incohérence
de la traversée.
Ni vivre ni mourir
Colette Klein
Née le 14 septembre 1950 à Paris 3ème
Poète et peintre - Membre du comité de rédaction de la revue Phréatique de 1979 à 2000.
Présidente de l'association Arts et Jalons (Présentation tous les mois d’un plasticien et d’un poète)
Secrétaire générale et trésorière du Cercle Aliénor d'Esthétique et de Poésie (Réunions mensuelles à la Brasserie LIPP)
Membre de la S.G.D.L. (Société des Gens de Lettres) et du PEN Club français
Prix jeune poésie François Villon 1978 - Prix de la Rose d'or 1983
Crée en 2008 : « Concerto pour marées et silence, revue » - parution annuelle.
Bibliographie :
Poésie :
* Ailleurs l'étoile St-Germain-des-Prés (1973)
* A défaut de visages St-Germain-des-Prés (1975)
* Cécités Millas-Martin (Prix jeune poésie François Villon 1978)
* Le Passe-nuit Arcam (1980)
* Néante aux mains d'oiseaux G.R.P. (1984)
* Les hautes volières du silence Gravos Press (1994)
* La neige sur la mer ne dure pas plus
que la mort La Bartavelle (1997)
* Les Jardins de l’invisible Alain Benoit (2002)
* Les Insomnies du voyage G.R.P. (2002)
* Le Silence du monde Alain Lucien Benoit (2003)
* La Pierre du dedans Alain Lucien Benoit (2005)
* Les Tentations de L. Alain Lucien Benoit (2009)
* Derrière la lumière Alain Lucien Benoit (2010)
* Mémoire tuméfiée suivi de
Lettres de Narcisse à l’ange Editinter (2013)
Prose :
* La Guerre, et après… Editions Pétra (2015)
Nouvelles :
* Nocturne(s) Le Guichet (1985)
Parutions en revues :
Acilèce, Artère, Cri d'os, Envol (Canada), Evohé, Les hommes sans épaules, Jalons, Jointure, LittéRéalité (Canada), Noah, Phréatique, Poémonde, Poésie 1, Poésie première, Poésie sur Seine, Poésimage, Résurrection, Sépia, 7 à dire …
En anthologies :
* Alain Breton La vraie jeune poésie (Ed. La Pibole-Jean Gouézec 1981)
* Jean Breton Nouvelle poésie contemporaine (Le Cherche Midi Editeur 1985)
* Pascal Commère Des poètes pour demain la soif (Cahiers de Noah 1981)
* Paul Mari Prix poésie 2000 (1979)
* Anthologie Jalons Plaise au souvenir 1983
Dans un halo d'humus 1985
A l'issue de ce long moment 1987
* Anthologie La Passerelle (1982-83)
* Anthologie de poésie féminine contemporaine de langue française réalisée
par Jean-Claude Rossignol en 2012 (Ed. de la Librairie Galerie Racine)
* Anthologie de la poésie féminine française - en Islandais, par Thör Stefánsson (Ed. Oddur à Reykjavik - 2016)
Pièces de théâtre (déposées à la S.A.C.D.):
* La Récolte du feu, donnée en lecture publique par "Théâtre à dire"
* Armande et Rosalie, représentée au Théâtre de Ménilmontant
Adaptation radiophonique de nouvelles :
* Identité France-Culture, dans "Les nuits magnétiques"
* Entre deux vies Radio Paris
* Ici et Ailleurs Radio Aligre
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Évelyne MORIN
Poèmes
Images du vide, 2016
Ailleurs d’ici, 2016
poèmes inédits
Une poussière traverse l’air
pointe l’instant aléatoire
Pouvons-nous entraîner la mort loin d’elle
décrypter les apparences de la nuit
et nous souvenir des temps immobiles
Le temps des forêts
Le brouillard efface la peur ancestrale
Quelque chose sourd de l’air arrêté
La fin aux aguets de chaque commencement
L’invisible prenant au piège les apparences
Nous revenons au temps immémorial des forêts
rédimer notre condition humaine
Images du vide, 2016
Réfugiés
L’horizon s’est enfoncé dans la terre
Tous les oiseaux du ciel s’envolent ensemble
Ne restent que les hommes
perdus sur les routes
Nouant l’espoir au désespoir de partir
Fuite venant mourir contre les murs
Une frontière au-delà d’une frontière
Le paroxysme de la perte
se heurtant à la mer
Aucun signe reconnaissable
Mais l’abandon au passage
Providence ou apocalypse
Seules les étoiles le savent
qui guident les bateaux dans le noir
des voyages sans retour
Les heures de mort transgressent le temps
Ce qu’il reste de vie s’emporte en migrations sauvages
Tels les oiseaux que rien ne peut retenir
d’indéfinir le monde au-delà de la terre
La langue d’un cri échoué sur le sable
Et cela recommence
Quelque chose qui bouge
La pulsion d’un désir
décroché de la peur
Premier mot d’une langue
étrangère pour ouvrir le chemin
Ailleurs d’ici, 2016
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Jeanine SALESSE
Poèmes extraits de
L’épaule du paysage, éditions Tarabuste, 2015
Journal de montagne, éditions Tensing, 2014
À la méridienne, éditions Petra, 2016
Leurs paroles encore accrochées aux objets, éditions La Porte, 2016
La marche ? Une façon visible d’affirmer la continuité de la vie. Millions de pas sur millions de mètres. Le temps envoie par-dessus l’épaule les traces qui se diluent sans bruit, sans fin dans l’oubli et les évocations de plus en plus fragiles. Jusqu’à l’arrêt du cœur et le pas suspendu, le dernier.
On souhaite voir notre vie se poursuivre dans un pas plus jeune, ou une enjambée d’ami/e dans des lieux aimés, lesquels s’effaceront aussi sous l’herbe. Mais avant, graineront les réminiscences et les greffons nouveaux ajoutés par l’imagination. La voilà notre balise !
Journal de montagne, Éditions Tensing, 2014
Sauvons un peu de notre mémoire
Elle joue dans la neige d’un square
fermé sur ses tumeurs de guerre
Et chaque fois que l’herbe repousse
le coup de faux
sabre le sourire
Sauvons nos mots de papier
Ne les perdons pas
avec les flocons
Le poème
nous tient encore
dans tout son mal bâti
*
Un temps
prêt à fournir vents et pluies
mais aussi un rouge-gorge
qui patrouille dans les terres retournées
Rouge rouille
sa note virevolte comme un renardeau
va et vient entre jour et tanière
L’automne touche les paysages
Nos morts
nous les approchons
Orphelins
nous remuons encore la terre
un peu
Leurs paroles encore accrochées aux objets
éditions La Porte, 2016
Jeanine Salesse

Jeanine Salesse est née en 1940 à Paris. Dès son enfance, elle a accompagné ses parents dans les forêts d’Ile de France et dans les montagnes - Alpes, Pyrénées, Jura. Elle a été institutrice. C’est à l’École Normale qu’elle a pris conscience de son amour de la poésie.
Elle vit dans le Val de Marne.
Elle a trois enfants et deux petits-fils. Elle a voyagé dans plusieurs pays. Elle a toujours du plaisir à faire de la randonnée pendant plusieurs jours, généralement, en solitaire. Elle aime aussi flâner dans les villes où elle apprécie le spectacle des rues, le cinéma, les expositions d’art plastique et de photographie (son père photographe a été reconnu tardivement).
L’édition de son premier livre lui a été offerte par Louis Dubost, éditeur du Dé bleu. Dans ses recueils, la nature est présente, ainsi que la marche en montagne : Le pont de neige aux éditions Le dé bleu ; Paysage à la buse, aux éditions La Bartavelle ; Un mulet aux sabots de cuir aux éditions Tarabuste ; la présence de l’art : Une petite fille d’Alexandrie également chez Tarabuste, En ce mai lointain chez Jacques Brémond. Elle évoque dans plusieurs livres, des proches, des parents aimés, quelquefois disparus : La pierre de bornage aux éditions L’Arbre ; Le brûlé des choses, chez Tarabuste ; Pluvieux avec éclaircies et Laisse-moi dormir, chez Alain Benoît ; Le pain de pierre chez Jacques Brémond ; La rose de carême à La Part Commune.
Un livre d’artiste La fleur…je l’approchai a été conçu par l’artiste Sarah Wiame (Éditions Céphéides). Des poèmes sont publiés dans des revues de poésie (Décharge, Concerto pour marées et silence, Poésie sur Seine, Coup de Soleil, Poésie/première, Les Hommes sans Épaules, Interventions à haute voix…) et en anthologies.
Elle participe activement à l’Association Les Amis de Louis Guillaume qui décerne chaque année le prix du poème en prose. Elle est également membre du jury du prix Aliénor. Elle a participé à des lectures dans le cadre du Printemps des Poètes, notamment à Pertuis dans le Vaucluse.
D’autres livres ont suivi - aux éditions Tarabuste : L’épaule du paysage ; aux éditions Tensing : Journal de montagne ; chez PETRA : À la Méridienne. Des livres d’artiste chez Sarah Wiame : Crissant cri de mouette et Le sourire est resté sous les arbres, ce dernier accompagné de photos de son père, Henri Salesse, dont l’œuvre a fait l’objet d’une exposition à la Maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly en 2016.
Son prochain recueil de poèmes, Leurs paroles encore accrochées aux objets, sera publié en 2016 par les éditions La Porte.
Publications de Jeanine Salesse
Les toits gris, Le Dé bleu, 1988.
La pierre de bornage, Cahiers Froissart, 1989, Prix Luc Bérimont.
La force du lierre, L’Arbre/Jean Le Mauve, 1991.
Les hauts de l’été, l’Arbre à paroles, 1993.
Le pont de neige, Le Dé bleu, 1996, Prix du Cercle Aliénor.
Paysage à la buse, La Bartavelle, 1997.
Le brûlé des choses, Tarabuste, 2001.
Le pain de pierre, Jacques Brémond, 2001.
Pluvieux avec éclaircies, Alain Benoît, 2002.
Rien n’arrive, Le Pré carré, 2002.
Rien aux amarres, La Porte, 2002 et 2004.
La fleur…je l’approchai, Céphéides/Sarah Wiame, 2004, livre d’artiste.
Un mulet aux sabots de cuir, Tarabuste, 2006.
La rose de carême, La Part Commune, 2008.
Laisse-moi dormir, Alain Benoît, 2008.
Une petite fille d’Alexandrie, Tarabuste, 2009.
En ce mai lointain, Jacques Brémond, 2010.
Crissant cri de mouette, Céphéides/Sarah Wiame, 2013, livre d’artiste.
Journal de montagne, Tensing, 2014.
L’épaule du paysage, Tarabuste, 2015.
À la Méridienne, Petra, 2016.
Le sourire est resté sous les arbres, Céphéides/Sarah Wiame. Photos Henri Salesse.
Leurs paroles encore accrochées aux objets, La Porte, 2016
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Omar Youssef SOULEIMANE
Dès que le soir se blesse, poèmes inédits
Loin de Damas, éditions Le temps des cerises, 2016
Poèmes traduits de l’arabe (Syrie) par Salah Al Hamdani et Isabelle Lagny
كلما جُرِحَ المساءْ
إلى السوريين
لم أعد أعرفُ إن بقيتْ لنا حكايةٌ في المرايا
أو طفلٌ أخيرْ
لنا حبرٌ أبيضُ في الشرايينِ
نعرفُهُ لأننا نجهله
كلما نزفنا يولدُ صدىً مجهولٌ
في رائحةِ ليلِ آذارَ
بينَ البارودِ والدموعْ
حينَ أكبرُ سوفَ أصيرُ نجمةً
يقولُ ثقبُ الرصاصةِ في الجسَدْ
يكفيْ أن منفياً يناديْ أخوتَه
كلما جُرِحَ المساءُ
لا تفتحوا مسودَّاتيْ
ولا تسهروا مع الغيمِ
حتى أعودْ
Aux Syriens
Je ne sais plus s’il nous reste un récit au cœur des miroirs
ou encore un enfant oublié
L’encre est blanche dans nos artères
Ce que nous croyons connaître, nous l’ignorons
et dès que nous saignons, naît de nous un écho anonyme
Il se mêle à l’odeur de la nuit de mars
entre la poudre à canon et les larmes
Quand je grandirai, je serai une étoile
Ainsi parle la trace de la balle laissée dans la chair
Il ne vous servira à rien d’ouvrir mes brouillons
et de veiller tard en compagnie des nuages
jusqu’à mon retour
Qu’un seul exilé appelle ses frères
et le soir se blesse
Dès que le soir se blesse

Omar Youssef Souleimane
Omar Youssef Souleimane est né en 1987 à Quoteifé, sur les plateaux du Kalamoune à une quarantaine de kilomètres au nord de Damas. Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique en 2005, il étudie la littérature arabe à l'université de Homs jusqu'à 2010.
Entre 2006 et 2010, il a été correspondant de la presse syrienne et a collaboré à de nombreux journaux arabes. Il est l'auteur de livres de poésie : Chansons de saison en 2006, je ferme les yeux et j'y vais, prix koweitien Saad Al Sabbah en 2010.
Ayant participé aux manifestations pacifiques dès mars 2011 à Damas puis à Homs, il a été recherché par les services de renseignements de son pays. Afin d'éviter la prison, il est entré dans la clandestinité et est finalement parvenu à quitter son pays. La France, où il vit depuis 2012, lui a accordé l'asile politique.
Invité à de nombreuses soirées poétiques depuis 2013 : Double chant, avec Axodom Geuirme, Institut des cultures d'islam, Paris, avril 2014. Deux voix exilées, de Baghdad et Damas, Comédie Nation, avec le poète irakien Salah Al Hamdani, mars 2015. La poésie au service de la paix, cathédrale de Strasbourg, avril 2015. Invité à participer à des festivals et des soirées en novembre 2015 et décembre 2015 ainsi qu'en mars et mai 2016.
Rencontres poétiques avec des lycéens : Saint-Quentin-en-Yvelines, novembre 2014 et à Royan, octobre 2015.
Depuis son exil, il a publié deux autres recueils de poésies : IL ne faut pas qu'ils meurent, en arabe (syrien ), 2013, éditions Al Ghaoune - Liban ; La mort ne séduit pas les ivrognes , 2014, bilingue français / arabe ( syrien ), traduction Lionel Donnadieu, éditions L'oreille du loup – Paris. Loin de Damas, bilingue français / arabe (syrien), traduction Salah Al Hamdani et Isabelle Lagny, éditions Le temps des cerises en 2016.
Oublie Damas, recueil de nouvelles, édité en arabe (Syrie) au Liban par Bayt AL-Mouatene, 2015. La traduction en français de cet ouvrage est en cours et sera publiée en 2017.
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