POÈTES

 

Yves-Jacques BOUIN

 

 

 

Poèmes extraits de

 

Un Bouin, c’est tout, éditions L’Improviste, 2013

Le soleil insiste, éditions Fers de Chances, 1999 (Prix Émile Snyder pour Paroles au contour des saisons, inclus dans ce recueil)

 

Bouinventaire IV 

D’abord il n’y a personne

Ensuite il y a quelqu’un

Après il y a quelqu’un et un autre

Puis il y a quelqu’un un autre et lui

Plus tard il y a quelqu’un un autre lui et un quatrième

Une minute encore et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième et ceux d’à côté

Le temps passe et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté et un nouveau venu

Un moment s’écoule et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu et une qui n’était pas là avant

Un peu de patience et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant et celui qui n’était pas prévu

Une attente indéterminée et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu et elle

Un bref instant et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu elle et tout le monde

Une pause et il y a toujours quelqu’un un autre lui un quatrième ceux d’à côté un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu elle et tout le monde

Une semperachronique et il y a quelqu’un un autre lui un quatrième elle un nouveau venu une qui n’était pas là avant celui qui n’était pas prévu et Bouin que tout le monde attendait

 

                                                                       Un Bouin, c’est tout, éditions L’Improviste, 2013

 

CONDUIRE

 

Qui nous dira le chemin des mains vers les corps, les appels ? Qui nous montrera le chemin des mains vers les mains ? Les mains qui se nouent, se défont pour les coups, les caresses. Les mains pour donner la mort, les mains pour mettre au monde ; et la même douce application, la même attention minutieuse. Les mains pour les passions.

Qui nous dira l’abandon des mains à l’horizon des adieux, et quand retenir et quand laisser aller les mains qui tiennent dans leur paume, à chaque seconde, les palpitations du monde ?

Qui nous dira le jour où la main trouve enfin sa place dans une autre et c’est l’éternité touchée du doigt ?

Et dans le geste de joindre les mains, l’ignorant augmente le silence d’une prière et lâche prise.

 

                                               Une passée de paroles

                                               Le soleil insiste, Éditions Fers de Chances, 1999


Yves-Jacques Bouin

 

 

2

 

Photo Jean-Marie Lardeau

 

Les débuts :

 

Université de Tours : Lettres.

Tours : Conservatoire  section Théâtre. Comédien au Centre d’Art dramatique.

Venise et Saintes : Stages de formation théâtrale avec Jerzy Grotowski. Zigmund Molik : travail de la voix. Richard Cieslak, Stanilaw Cierski : happening.

Paris : Université de Censier - Section théâtre - Professeurs : Anne Ubersfeld, Jacques Lassalle, Didier Bezace.

Paris : Cours avec Jacques Baillon - la méthode Stanislavski. L’enseignement de Brecht. La méthode Jacques Baillon. Voix : Emilie Letendre, Irène Jarsky.

 

Activités :

 

Né en 1951, Yves-Jacques Bouin vit à Dijon après avoir passé 27 ans à Paris ; comédien, lecteur de poèmes, il consacre une grande partie de son art aux lectures et à la création de spectacles poétiques.

Il a créé en 1983 la Compagnie du Théâtre pour de Vrai.

Il a participé en 1995 à la création de la revue Courant d’Ombres.

Il a animé une émission littéraire pour Radio Enghien en 1996 / rubrique poésie.

Il a créé en Bourgogne, l’association la VOix des MOts dont il a été le responsable artistique de 2002 à 2011 : festival temps de paroles/ à Dijon, Côte d’Or et Bourgogne, TèmPoésie, rencontre avec un poète chaque mois et Salut Poètes !, rencontre annuelle avec trois poètes venus d’ailleurs et leur traducteur – 2004 : Allemagne / 2005 : Pologne / 2006 : Italie / 2007 : Espagne/ 2008 : Portugal : 2009 : Hongrie 2010 : Wallonie / 2011 : pays Nordiques - Suède, Finlande, Norvège, Danemark, 2012 : Suisse, 2013 : Roumanie, 2014 : Occitanie, 2015 : Québec, 2016 Suisse Angadine. Site : http://lavoixdesmots.org 

 

Il organise des ateliers de lecture à voix haute et des ateliers d’écriture pour les bibliothèques, associations littéraires (Ex : Lire et faire Lire),  établissements scolaires, IUFM, lieux hospitaliers et carcéraux.

Quelques indices :

Prix Emile Snyder pour Paroles au contour des saisons en 1997.

Bourse du CNL en 2000 : Résidence d’écriture dans la Nièvre.

Invitation en Pologne à Opole et Cracovie pour un cycle de lectures en octobre 2005.

Invitation au Festival Mondial de Poésie de Caracas en juin 2011.

Bourse du Conseil Régional de Bourgogne en 2011 : Résidence à Edenkoben en Rhénanie-Palatinat en septembre 2011.

Résidence dans les Yvelines de février à avril 2016.

Actuellement responsable de la collection 3,14 g de poésie aux éditions p.i.sage intérieur.

Dossiers réguliers dans la revue Décharge, intitulés : « Des voix venues d’ailleurs ».

 

Bibliographie :

Il a été publié dans de nombreuses revues : Contrordre, la Corde raide, Le Matin Déboutonné, Rétro-Viseur, Décharge, Parterre Verbal, Arpa, Gros-Textes, Ces gens-là, hors Série, Ici & là, Langue vive, Műhely (revue hongroise), Pages Insulaires, et dans des anthologies : Carré comme une roue de vélo 2006, éditions l’épi de Seigle. 101 poèmes contre le racisme 1998, 101 poèmes contre la guerre 2003, La poésie est dans la rue 2008, Et si le rouge n’existait pas ? 2010, Nous, la multitude 2011, éditions Le Temps des Cerises.

 

Il a également enregistré : Crier toujours jusqu’à la fin du monde, de Benjamin Fondane. (le Loup du Faubourg 2002 repris par malambo productions en 2009). Ballades au Clair de Plume (enregistrement collectif - Académie de Dijon 2005).

 

Recueils publiés :

La parole en appel dans le silence des mots (le Pré de l’âge ; 1989)

Une passée de paroles (éditions de l’épi de Seigle ; 1997).

Le soleil insiste (éditions Fer de Chances ; 1999 / Prix Emile Snyder pour Paroles au contour des saisons, inclus dans ce recueil.

Le poème qui n’en finit pas de commencer toujours (éditions de la Renarde Rouge ; 2001). Avec le soutien du CNL, en résidence d’écrivains dans la Nièvre.

Les temps de l’escalier nouvelle, dans un recueil collectif intitulé Quatre à Quatre, (éditions Nykta ; 2003). Avec le soutien de la DRAC Bourgogne.

De mots et d’amour (éditions de la Renarde Rouge ; 2007).

En octobre 2010 : Elle ne passe jamais bien loin aux éditions Mazette.

Janvier 2011 : D’un côté l’autre « ficelle » – Rougier V. éditions.

1er trimestre 2011 : Par celle aux éditions Clarisse.

3e trimestre 2013 : Un Bouin, c’est tout aux éditions l’Improviste.

2014 : Je crois que tout n’est pas fini, je vole aux éditions Rhubarbe.

2016 : réédition de Une passée de paroles aux éditions Mazette.

 

Publications en ligne :

La toile de l’Un : http://www.latoiledelun.c.la/

Mouvance.ca (Québec) : http://mouvances.ca   

El Ghibli(Italie):  http://www.el-ghibli.provincia.bologna.it/index.php?id=0&issue     

La Petite librairie des champs : http://lapetitelibrairiedeschamps.blogspot.com (archives du blog - février 2011).

Levure littéraire :   http://www.levurelitteraire.com  

 

Sites : Présences sur le site internet du Printemps des Poètes, de La Maison des écrivains et de la littérature, et du Centre Régional du livre de Bourgogne.


A propos des deux derniers livres :

Elle ne passe jamais bien loin

éditions Mazette, 2010 / Monotypes de Luce Guilbaud, 10€

 

   Yves-Jacques Bouin articule son recueil autour de la question : « mais que reste-t-il dans l’escarcelle du désir ». Tenter de le définir est complexe, inquiétant parfois. Appétit, passion, visée, les synonymes nous viennent qui pourraient répondre au « désir » du poète ou de poète. Mais parler du désir ne vaut pas pour accomplissement et lisant, une substitution de lettre opère – exercice fréquent chez Y.-J. Bouin – : de « désir » à gésir quelque chose, effectivement, nous parle de chute, de monde, de langue renversés, cachés, révélés fugacement, immobiles voire aux aguets. Qui « ne passe jamais bien loin » ? La mort ? La rencontre amoureuse ? Il y a dans ce travail étonnant un effritement de la langue, un choc des trois signe, signifiant, signifié, une poétique questionnée, déboulonnée en quelque sorte, choix thématiques et stylistiques étant sans cesse repensés, pulsés, énoncés comme à bout de souffle. Mort, parole d’amour et poésie « ne passe(nt) jamais bien loin ».  Qui ne fait pas ou plus rapport ? Les mots entre eux, les êtres ? « rien nu seul » note le poète avant de poursuivre par « rien nu seul nul » avec la consonne « l » en plus – de « nu » à « nul » - qui borde un « saut vertigineux » dans le langage plus qu’elle n’inscrit et dont la mise en relation avec les autres mots se fait par l’allitération – seul / nul – avant de s’établir sémantiquement. Il faut en passer par là, peut vouloir dire le poète.

   Que le recueil s’ouvre sur des points de suspension va dans ce sens. Commencer à dire entame, littéralement parlant : le poète prélève un bout du texte, suspend son intégrité. Ce qu’il rogne fait ellipse autant que dissémination ou pollinisation. Attaque, ensuite, comme on attaque une mesure musicale. Le sens est ainsi défié, mis en seconde position après le souffle, après le son, lettre après lettre.  « Que reste-t-il ? » C’est bien ce que Y.-J. Bouin interroge. Il travaille sur ce matériau informe, dépecé, sur ce qui reste, sur ce qui lui reste non pas à dire mais pour « le dire », langage non seulement en action mais en formation-décomposition, mis en pièces pour une refonte quasi scénique, pour un poème dit à voix haute, « poèmadire » - nous annonce-t-il - et dont il nous semble à l’entendre qu’il y a là le « madera » espagnol, cette matière, bois, construction paraissant tout à la fois traduire comment et avec quoi écrire : « sac à mots troué rots vos mots vomis » ; « l’entrechoque des vers qui les tiennent et tiennent / les mots entre leurs pieds ».

   Mais la « Poèmmatrice » fait une utilisation originale de la ponctuation et de la chronologie, les deux étant liées. Les différentes séquences sont amenées de trois façons : un point-virgule en caractères gras et mis au milieu de la page, faisant une pause séparatrice autant qu’une association logique sans que pourtant la voix ne retombe après lui comme elle le ferait après un point ; la mention de dates avec à la fois l’extrême proximité temporelle, la répétition et l’écart, le passage de 2002 à 2003, presque un « hors date » qui est d’ailleurs l’ultime et paradoxale datation du texte ; un monotype que Luce Guilbaud travaille au rouge, rappel de la déchirure et connotation organique – « c’est dans la souffrenfance / que se tordent les pouces nus dans la bouche / avant mots » - soit à dominante bleue, symbole de vide et de dissolution – « cherches compagne pour disparaître te dissoudre comme la verge dans la fuite famélique des alcools de la femme » - seuls les deux derniers monotypes portent des traces tantôt de vert, de gestation « sans date » tantôt d’ocre, celui du pollen, d’une conjugaison neuve comme si la compagne à laquelle s’adresse le poète est aussi la lettre en constante modification, rompant « toute laisse » dans l’acception poétique du terme.

 

Chantal Danjou – Revue Ici é là en ligne de la Maison de la Poésie de St Quentin en Yvelines.

 

 

PAR CELLE

éditions Clarisse 2011 / photo de l’auteur 5€

 

On pourrait commencer par dire qu’Yves-Jacques Bouin ne s’est pas trop cassé la tête pour chercher un titre puisqu’il a repris celui de la collection : Parcelles. Mais ce serait pour sourire. Yves-Jacques a d’abord créé une forme, très précise : une sorte de citation en haut, comme une exergue où en gras le titre apparaît, qui de même en gras sera aussi la clausule du texte. Et ce dernier commence obligatoirement par le titre général : par celle, ce qui entraîne de fait un titre au féminin. Le poème sera plus libre bien entendu en dehors de ces contraintes liminaires. Cette forme bien cadrée se révèle très efficace. Et le poète comme un Francis Ponge mâtiné d’Oulipo revisite un certain nombre de thèmes, d’objets, de sujets à sa façon. Si l’on pouvait classer ces pages, je penserais à deux catégories très opposées, il suffit d’égrener les titres :  la lumière, la route, l’idée, la passante, la lueur, la fenêtre (deux fois), la flamme, d’un côté et de l’autre : la nuit, l’absence, les larmes, l’enfance, la chambre, la voix, l’attente, l’écriture (deux fois). Jour/nuit, dedans/dehors… l’opposition est évidente. A force d’écarquiller le noir pour être sûr de la voir // La nuit Est-ce la féminité des titres ? En tout cas, il y a chez Yves-Jacques Bouin une vraie sensualité qui nappe tous ses textes intimes. De même qu’à l’inverse pour ses poèmes lumineux, de vraies petites trouvailles émaillent les vers : Au cœur de la ville assis / A la terrasse des pensées ou bien (La table) Qui soutient les coudes / Des conversations Enfin il ne dédaigne pas travailler sur les sonorités : Bombyx battant des ailes au fond du pharynx ou bien Se nourrir de la fente / que la lumière enfante et sur les images, ainsi ce superbe oxymore : Un incendie de pénombre Encore une fois Yves-Jacques Bouin s’affirme comme un poète très fin, très délié, très délicat et pour tout dire très élégant.

 

Jacmo – Revue Décharge.

Colette KLEIN

 

 

 

 

Poèmes extraits de :

 

C’est la terre qui marche sous mes pas, inédit

 

 

 

 

Dissoudre un peu de vie

dans les veines du jardin

comme on allume des soleils

dans un bal costumé

 

comme on affuble son regard

de couleurs interdites

 

dire et redire que le poème

est à lui seul un royaume

où la paix se partage entre vivants

sans trahison sans blessure.

 

 

 

 

 

 

 

C’est la vie qui déraisonne

Il faut arracher de soi ce qui reste de folie

après la peine

s’accoupler avec la lumière

avec le poème

dire et redire ce que le feu

donne à la pierre

mais également ce qu’il donne à la terre

après larmes et soupirs

germes de jonquilles et de rires éphémères.

 

                                                                                                          Ce qui reste de folie


 

 

 

 

 

 

La terre me retient.

Pour combien de temps encore ?

Des nuits de chiffons s’amassent dans mes rêves.

Je ne sais si je dors, si je vis.

Je suis l’arbre qu’on interdit de toucher,

envahi de lichens et d’ombres millénaires.

Je crois que je marche, c’est seulement

que je tremble,

traversé de lueurs,

seul au milieu d’une forêt,

elle-même cachée par la brume,

dans les sous-sols

d’une ville désertée.

 

 

 

 

 

 

 

Il sera dit que la nuit

donnait un sens

à nos marches dans le désert.

 

Mais je suis née entre les herbes,

sous les cendres,

avec la guerre dans le sang.

 

Et mon sang

ne servira

qu’au silence

amadoué

   par le rêve,

 

et toutes les fleurs qui renaîtront

de la terre gelée

diront aussi l’incohérence

de la traversée.

 

                 Ni vivre ni mourir

 

 


Colette Klein

 

 

PALMES détail 

 

 

 


Née le 14 septembre 1950 à Paris 3ème

Poète et peintre - Membre du comité de rédaction de la revue Phréatique de 1979 à 2000.

Présidente de l'association Arts et Jalons (Présentation tous les mois d’un plasticien et d’un poète)

Secrétaire générale et trésorière du Cercle Aliénor d'Esthétique et de Poésie (Réunions mensuelles à la Brasserie LIPP)

Membre de la S.G.D.L. (Société des Gens de Lettres) et du PEN Club français

Prix jeune poésie François Villon 1978 - Prix de la Rose d'or 1983

Crée en 2008 : « Concerto pour marées et silence, revue » - parution annuelle.

 

Bibliographie :

Poésie :

* Ailleurs l'étoile                                            St-Germain-des-Prés (1973)

* A défaut de visages                                               St-Germain-des-Prés (1975)

* Cécités                                                        Millas-Martin (Prix jeune poésie François Villon 1978)

* Le Passe-nuit                                              Arcam (1980)

* Néante aux mains d'oiseaux                       G.R.P. (1984)

* Les hautes volières du silence                    Gravos Press (1994)

* La neige sur la mer ne dure pas plus

   que la mort                                                  La Bartavelle (1997)

* Les Jardins de l’invisible                            Alain Benoit (2002)

* Les Insomnies du voyage                           G.R.P. (2002)

* Le Silence du monde                                  Alain Lucien Benoit (2003)

* La Pierre du dedans                                   Alain Lucien Benoit (2005)

* Les Tentations de L.                                   Alain Lucien Benoit (2009)

* Derrière la lumière                                      Alain Lucien Benoit (2010)

* Mémoire tuméfiée suivi de

   Lettres de Narcisse à l’ange                       Editinter (2013)

 

Prose :

*  La Guerre, et après…                                Editions Pétra (2015)

           

Nouvelles :

* Nocturne(s)                                                 Le Guichet (1985)

 

Parutions en revues :

Acilèce, Artère, Cri d'os, Envol (Canada), Evohé, Les hommes sans épaules, Jalons, Jointure, LittéRéalité (Canada), Noah, Phréatique, Poémonde, Poésie 1, Poésie première, Poésie sur Seine, Poésimage, Résurrection, Sépia, 7 à dire …

 

En anthologies :

* Alain Breton            La vraie jeune poésie (Ed. La Pibole-Jean Gouézec 1981)

* Jean Breton             Nouvelle poésie contemporaine (Le Cherche Midi Editeur 1985)

* Pascal Commère      Des poètes pour demain la soif (Cahiers de Noah 1981)

* Paul Mari                 Prix poésie 2000 (1979)

* Anthologie Jalons    Plaise au souvenir 1983

                                   Dans un halo d'humus 1985

                                   A l'issue de ce long moment 1987

* Anthologie La Passerelle (1982-83)

* Anthologie de poésie féminine contemporaine de langue française réalisée

par Jean-Claude Rossignol en 2012 (Ed. de la Librairie Galerie Racine)

* Anthologie de la poésie féminine française - en Islandais, par Thör Stefánsson (Ed. Oddur à Reykjavik - 2016)

 

 

Pièces de théâtre  (déposées à la S.A.C.D.):

* La Récolte du feu,  donnée en lecture publique par "Théâtre à dire"

* Armande et Rosalie, représentée au Théâtre de Ménilmontant

 

Adaptation radiophonique de nouvelles :

* Identité                    France-Culture, dans "Les nuits magnétiques"

* Entre deux vies       Radio Paris    

* Ici et Ailleurs           Radio Aligre


 

 

 

 

Évelyne MORIN

 

 

Poèmes

Images du vide, 2016

Ailleurs d’ici, 2016

poèmes inédits

           

 

 

 

 

 

 

Une poussière traverse l’air

pointe l’instant aléatoire

 

Pouvons-nous entraîner la mort loin d’elle

décrypter les apparences de la nuit

et nous souvenir des temps immobiles

 

Le temps des forêts

 

Le brouillard efface la peur ancestrale

 

Quelque chose sourd de l’air arrêté

La fin aux aguets de chaque commencement

L’invisible prenant au piège les apparences

 

Nous revenons au temps immémorial des forêts

rédimer notre condition humaine

 

                                               Images du vide, 2016

 


 

 

 

 

 

 

 

                                               Réfugiés

 

 

L’horizon s’est enfoncé dans la  terre

Tous les oiseaux du ciel s’envolent ensemble

Ne restent que les hommes

perdus sur les routes

 

Nouant l’espoir au désespoir de partir

Fuite venant mourir contre les murs

Une frontière au-delà d’une frontière

Le paroxysme de la perte

se heurtant à la mer

 

Aucun signe reconnaissable

Mais l’abandon au passage

 

Providence ou apocalypse

Seules les étoiles le savent

qui guident les bateaux dans le noir

des voyages sans retour

 

Les heures de mort transgressent le temps

Ce qu’il reste de vie s’emporte en migrations sauvages

Tels les oiseaux que rien ne peut retenir

d’indéfinir le monde au-delà de la terre

 

La langue d’un cri échoué sur le sable

Et cela recommence

Quelque chose qui bouge

La pulsion d’un désir

décroché de la peur

Premier mot d’une langue

étrangère pour ouvrir le chemin

 

                        Ailleurs d’ici, 2016

 


 

 

 

Jeanine SALESSE

 

 

 

Poèmes extraits de

 

L’épaule du paysage, éditions Tarabuste, 2015

Journal de montagne, éditions Tensing, 2014

À la méridienne, éditions Petra, 2016

Leurs paroles encore accrochées aux objets, éditions La Porte, 2016

 

 

 

 

 

 

La marche ? Une façon visible d’affirmer la continuité de la vie. Millions de pas sur millions de mètres. Le temps envoie par-dessus l’épaule les traces qui se diluent sans bruit, sans fin dans l’oubli et les évocations de plus en plus fragiles. Jusqu’à l’arrêt du cœur et le pas suspendu, le dernier.

 

On souhaite voir notre vie se poursuivre dans un pas plus jeune, ou une enjambée d’ami/e dans des lieux aimés, lesquels s’effaceront aussi sous l’herbe. Mais avant, graineront les réminiscences et les greffons nouveaux ajoutés par l’imagination. La voilà notre balise !

 

Journal de montagne, Éditions Tensing, 2014

 

 

 

 

 

    Sauvons un peu de notre mémoire

Elle joue dans la neige d’un square

fermé sur ses tumeurs de guerre

 

Et chaque fois que l’herbe repousse

le coup de faux

                            sabre le sourire

 

Sauvons nos mots de papier

              Ne les perdons pas

avec les flocons

 

Le poème

                nous tient encore

dans tout son mal bâti

 

 

                    *

 

 

 

 

 

   Un temps

prêt à fournir vents et pluies

mais aussi un rouge-gorge

qui patrouille dans les terres retournées

 

                 Rouge rouille

sa note virevolte comme un renardeau

va et vient entre jour et tanière

 

L’automne touche les paysages

Nos morts

nous les approchons

 

                 Orphelins

nous remuons encore la terre

un peu

 

Leurs paroles encore accrochées aux objets

éditions La Porte, 2016

 


 

Jeanine Salesse

 

3

 

Jeanine Salesse est née en 1940 à Paris. Dès son enfance, elle a accompagné ses parents dans les forêts d’Ile de France et dans les montagnes - Alpes, Pyrénées, Jura. Elle a été institutrice. C’est à l’École Normale qu’elle a pris conscience de son amour de la poésie.

Elle vit dans le Val de Marne.

Elle a trois enfants et deux petits-fils. Elle a voyagé dans plusieurs pays. Elle a toujours du plaisir à faire de la randonnée pendant plusieurs jours, généralement, en solitaire. Elle aime aussi flâner dans les villes où elle apprécie le spectacle des rues, le cinéma, les expositions d’art plastique et de photographie (son père photographe a été reconnu tardivement).

 

L’édition de son premier livre lui a été offerte par Louis Dubost, éditeur du Dé bleu. Dans ses recueils, la nature est présente, ainsi que la marche en montagne : Le pont de neige aux éditions Le dé bleu ; Paysage à la buse, aux éditions La Bartavelle ; Un mulet aux sabots de cuir aux éditions Tarabuste ; la présence de l’art : Une petite fille d’Alexandrie également chez Tarabuste, En ce mai lointain chez Jacques Brémond. Elle évoque dans plusieurs livres, des proches, des parents aimés, quelquefois disparus : La pierre de bornage aux éditions L’Arbre ; Le brûlé des choses, chez Tarabuste ; Pluvieux avec éclaircies et Laisse-moi dormir, chez Alain Benoît ; Le pain de pierre chez Jacques Brémond ; La rose de carême à La Part Commune.

 

Un livre d’artiste La fleur…je l’approchai a été conçu par l’artiste Sarah Wiame (Éditions Céphéides). Des poèmes sont publiés dans des revues de poésie (Décharge, Concerto pour marées et silence, Poésie sur Seine, Coup de Soleil, Poésie/première, Les Hommes sans Épaules, Interventions à haute voix…) et en anthologies.

 

Elle participe activement à l’Association Les Amis de Louis Guillaume qui décerne chaque année le prix du poème en prose. Elle est également membre du jury du prix Aliénor. Elle a participé à des lectures dans le cadre du Printemps des Poètes, notamment à Pertuis dans le Vaucluse.

 

D’autres livres ont suivi - aux éditions Tarabuste : L’épaule du paysage ; aux éditions Tensing : Journal de montagne ; chez PETRA : À la Méridienne. Des livres d’artiste chez Sarah Wiame : Crissant cri de mouette et Le sourire est resté sous les arbres, ce dernier accompagné de photos de son père, Henri Salesse, dont l’œuvre a fait l’objet d’une exposition à la Maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly en 2016.

 

Son prochain recueil de poèmes, Leurs paroles encore accrochées aux objets, sera publié en 2016 par les éditions La Porte.

 

 

 

Publications de Jeanine Salesse

 

 

Les toits gris, Le Dé bleu, 1988.

La pierre de bornage, Cahiers Froissart, 1989, Prix Luc Bérimont.

La force du lierre, L’Arbre/Jean Le Mauve, 1991.

Les hauts de l’été, l’Arbre à paroles, 1993.

Le pont de neige, Le Dé bleu, 1996, Prix du Cercle Aliénor.

Paysage à la buse, La Bartavelle, 1997.

Le brûlé des choses, Tarabuste, 2001.

Le pain de pierre, Jacques Brémond, 2001.

Pluvieux avec éclaircies, Alain Benoît, 2002.

Rien n’arrive, Le Pré carré, 2002.

Rien aux amarres, La Porte, 2002 et 2004.

La fleur…je l’approchai, Céphéides/Sarah Wiame, 2004, livre d’artiste.

Un mulet aux sabots de cuir, Tarabuste, 2006.

La rose de carême, La Part Commune, 2008.

Laisse-moi dormir, Alain Benoît, 2008.

Une petite fille d’Alexandrie, Tarabuste, 2009. 

En ce mai lointain, Jacques Brémond, 2010.

Crissant cri de mouette, Céphéides/Sarah Wiame, 2013, livre d’artiste.

Journal de montagne, Tensing, 2014.

L’épaule du paysage, Tarabuste, 2015.

À la Méridienne, Petra, 2016.

Le sourire est resté sous les arbres, Céphéides/Sarah Wiame. Photos Henri Salesse.

Leurs paroles encore accrochées aux objets, La Porte, 2016

 

 

Omar Youssef SOULEIMANE

 

 

Dès que le soir se blesse, poèmes inédits

Loin de Damas, éditions Le temps des cerises, 2016

Poèmes traduits de l’arabe (Syrie) par Salah Al Hamdani et Isabelle Lagny

 

كلما جُرِحَ المساءْ

 

إلى السوريين

 

 

لم أعد أعرفُ إن بقيتْ لنا حكايةٌ في المرايا

أو طفلٌ أخيرْ

 

لنا حبرٌ أبيضُ في الشرايينِ

نعرفُهُ لأننا نجهله

كلما نزفنا يولدُ صدىً مجهولٌ

في رائحةِ ليلِ آذارَ

بينَ البارودِ والدموعْ

 

حينَ أكبرُ سوفَ أصيرُ نجمةً

يقولُ ثقبُ الرصاصةِ في الجسَدْ

 

يكفيْ أن منفياً يناديْ أخوتَه

كلما جُرِحَ المساءُ

لا تفتحوا مسودَّاتيْ

ولا تسهروا مع الغيمِ

حتى أعودْ

Aux Syriens

 

Je ne sais plus s’il nous reste un récit au cœur des miroirs

ou encore un enfant oublié

 

L’encre est blanche dans nos artères

Ce que nous croyons connaître, nous l’ignorons

et dès que nous saignons, naît de nous un écho anonyme

Il se mêle à l’odeur de la nuit de mars

entre la poudre à canon et les larmes

 

Quand je grandirai, je serai une étoile

Ainsi parle la trace de la balle laissée dans la chair

 

Il ne vous servira à rien d’ouvrir mes brouillons

et de veiller tard en compagnie des nuages

jusqu’à mon retour

 

Qu’un seul exilé appelle ses frères

et le soir se blesse

 

                        Dès que le soir se blesse

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Omar Youssef Souleimane

 

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Omar Youssef Souleimane est né en 1987 à Quoteifé, sur les plateaux du Kalamoune à une quarantaine de kilomètres au nord de Damas. Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique en 2005, il étudie la littérature arabe à l'université de Homs jusqu'à 2010.

            Entre 2006 et 2010, il a été correspondant de la presse syrienne et a collaboré à de nombreux journaux arabes. Il est l'auteur de livres de poésie : Chansons de saison en 2006,  je ferme les yeux et j'y vais, prix koweitien Saad Al Sabbah en 2010.

            Ayant participé aux manifestations pacifiques dès mars 2011 à Damas puis à Homs, il a été recherché par les services de renseignements de son pays. Afin d'éviter la prison, il est entré dans la clandestinité et est finalement parvenu à quitter son pays. La France, où il vit depuis 2012, lui a accordé l'asile politique.

            Invité à de nombreuses soirées poétiques depuis 2013 : Double chant, avec Axodom Geuirme, Institut des cultures d'islam, Paris, avril 2014.  Deux voix exilées, de Baghdad et Damas, Comédie Nation, avec le poète irakien Salah Al Hamdani, mars 2015. La poésie au service de la paix, cathédrale de Strasbourg, avril 2015. Invité à participer à des festivals et des soirées en novembre 2015 et décembre 2015 ainsi qu'en mars et mai 2016.

            Rencontres poétiques avec des lycéens : Saint-Quentin-en-Yvelines, novembre 2014 et à Royan, octobre 2015.

            Depuis son exil, il a publié deux autres recueils de poésies : IL ne faut pas qu'ils meurent, en arabe (syrien ), 2013, éditions Al Ghaoune - Liban ; La mort ne séduit pas les ivrognes , 2014, bilingue français / arabe ( syrien ), traduction Lionel Donnadieu, éditions L'oreille du loup – Paris. Loin de Damas, bilingue français / arabe (syrien), traduction Salah Al Hamdani et Isabelle Lagny, éditions Le temps des cerises en 2016.

            Oublie Damas, recueil de nouvelles, édité en arabe (Syrie) au Liban par Bayt AL-Mouatene, 2015. La traduction en français de cet ouvrage est en cours et sera publiée en 2017.