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POÈTES
Sylvie DURBEC
Poèmes extraits de
Prendre place, éditions Collodio, 2010
La huppe de Virginia, éditions Jacques Brémond, 2011
Sanpatri, éditions Jacques Brémond, 2014
Ecrire c’est
une façon de
penser la
huppe
mais aussi le renard
et le rossignol
et la pensée du rossignol
et de la huppe
mais aussi c’est
écrire/essayer
le bleu d’un regard
celui d’un renard égaré
fauve dans l’herbe bleue
est-ce que ça existe penser regard penser renard égaré huppe blessée
[…]
et d’elle je ne sais rien dit le renard pareil pour moi dit la huppe
[…]
que cherche Virginia
dit une voix fâchée
ni bleue ni fauve
qui ne sont couleurs
de voix mais de nature
sous les plumes et la fourrure
de ces animaux sauvages
quoi ?
s’il était besoin de plumes ou de vent pour gagner du savoir
renard regard dit-elle
pour que je devienne autrement qu’une enfant sachant compter
un monde pour la huppe
où tout s’écrit de droite à gauche
renard comme regard
huppe comme oiseau
mort surtout la première
juste avant de dire
mon père à mourir
n’a eu qu’un geste
celui d’écrire
et cet aujourd’hui
qui fut le sien
rue d’Italie
a fui
où huppe s’écrit
où renard aussi
est déjà disparu
dans la ville aimée
où aucun oiseau
seul ce nom de Marseille
La huppe de Virginia, éditions Jacques Brémond, 2011
je voudrais commencer
je veux que ça commence
je veux le commencement
je ne veux pas l’origine
je veux initier le verger
commencer à écrire pour
que le jardin s’ordonne
où s’écrit le quinconce
commencer par le bout
d’un des côtés du carré
et ensuite y aller de mon 5
comme d’autres de leur 7
il me faut restaurer le jardin
l’hortus conclusus où ma mère
se meurt au début de l’histoire
je ne veux pas l’origine
seulement le début
je veux que ça commence
hic et nunc aman ha breman
Sanpatri, éditions Jacques Brémond, 2014
Sylvie Durbec
Sylvie Durbec est née en 1952 à Marseille.
Quatre fils.
Voyage. Ecrit. Vit en Provence.
Publiée depuis une vingtaine d’années.
Traductions en italien, anglais, allemand et bientôt arabe.
Poésie, théâtre, romans.
Ecrit pour dévorer la langue maternelle
Traduit aussi et pratique le collage et le dessin, plaisir d’utiliser l’encre.
Bibliographie :
POESIE :
1995 Marseille, éclats et quartiers in revue Po&sie n°71, éditions Belin
1997 Extraits de Marseille éclats et quartiers, in revue L’Extrême contemporain, Belin éditeur
1999 Fontaines, in revue Po&sie n° 89
2000 Lisbonne, in revue Bleue n°2
2003 Saorge, poèmes en français et traduits en italien par Lucetta Frisa in revue Scriptions, éditions Le arie del Tempo
2005 Les Nuits de Vollezele, les Jours de Flandre, recueil édition Cousu Main
2005 Stanze, traduction de Lucetta Frisa in revue Ciminiera
2005 : Walser à Marseille, in revue Arca, Gênes.
2006 : 3, édition COUSU MAIN, dialogue entre deux poètes et une plasticienne.
2006 : Promenade de Robert Walser, traduit en allemand par Christine Pfammater, in revue bilingue
franco-allemande, revue NORD-SUD
2009 : Marseille, éclats et quartiers, recueil, aux éditions Jacques Brémond, prix Jean Follain
(traduction en cours en espagnol (Mexique) par la poète Karla Olvera)
2009 : Comme un jardin (bleu), recueil, édition Potentille
2010 : Prendre place, une écriture de Brenne, recueil, édition Collodion(sélectionné pour le Prix des Découvreurs 2011)
2010 : Chaussures vides, scarpe vuote, recueil aux éditions du Dessert de Lune (traduction en italien à paraître aux éditions Joker en mars 2014)
2011 : La huppe de Virginia, recueil éditions Jacques Brémond
2011 : Ce rouge qui brillait, Soutine, Atelier du Hanneton
(Traduction de Denis Hirson en anglais à paraître en 2014 aux Etats-Unis, Amherst dans la revue universitaire The Common)
2011 : La lessive de la folie, remue.net
2012 : participe à l’Anthologie Pas d’ici Pas d’ailleurs
2013 : Le paradis de l’oiseleur, recueil aux éditions Al Manar-Alain Gorius
2014 : Scarpe vuote, edizioni Joker, printemps 2014
2014 : SANPATRI, aux éditions Jacques Brémond, texte écrit en résidence à la Maison de la Poésie de Rennes
A paraître en 2015 aux éditions Propos2 campagne, Fugues, récits et un recueil L’idiot devant la peinture.
Textes dans les revues Po&sie, Triages, Anthologies, TLF T16 et revue Alsacienne, Place de la Sorbonne (en mars 2015)
ROMANS
Un été de REINE en Finlande, aux éditions Fayard, 2000
L’Apprentissage du détachement, Fayard, 2000
Un bon Indien est un Indien mort, Fayard, 2002
RECITS
2005 : Le noir Metternich in revue Bleeker Street, Abordages, Dumerchez éditeur
2006 : Sebald, in revue NUNC, juin 2006
2006 : Fughe, édizioni JOKER, novembre 2006, publication en italien, traduction Lucetta Frisa
2008 Territoires de la folie, aux éditions COUSUMAIN (Robert Walser et Louis Soutter)
TRADUCTIONS de l’italien
Poèmes de Lucetta Frisa, in revue Nunc
Ames inquiètes, de L.Frisa et Marco Ercolani, aux éditions des Etats Civils, 2011
J’entends des voix, de L.Frisa et Marco Ercolani, aux éditions des Etats Civils, 2011
Que les paroles retrouvent leur souffle, Elena Jurissevitch, Editions du murmure, 2012
Diverses traductions en revue de Filippo Ravizza, Marco Ercolani, Lucetta Frisa et
Théâtre Jeunesse
Les trois vies de madame Zéfurine, éditions Armand Gatti, 2002
Nous on sème, éditions du Bonhomme vert, 2006
Littérature Jeunesse
Le Nom du Roi, aux éditions GRANDIR, 1997
2004 Princesse LUNA, GRANDIR
2004 Naissance d’un Voyage, édition bilingue, français-arabe, en collaboration avec Raouf Karay, GRANDIR
2005 L’ami de Lumi, conte bilingue franco-finnois chez Grandir
2005 Dièse l’Enchanteur aux éditions LIRABELLE
2007: CD avec accompagnement musical de Farshad Soltani, Suites de Bach pour violoncelle, contes écrits pour les enfants et les plus grands, LIRABELLE
2009 : Un grain de sel sur la langue, éditionbilingue franco-arabe, Medali, Sfax, Tunisie avec l’illustrateur Raouf Karay
2010 : Au zoo, éditions du Bonhomme vert
2010 : Qui fait quoi sur un circuit, Bonhomme vert
2010 : Qui fait quoi dans un train aux éditions du Bonhomme vert
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Jacques JOSSE
Poèmes extraits de :
Hameau mort, éditions Jacques Brémond, 2014
Les lisières, éditions Apogée, 2008
L’envie d’aller servir un cognac à ses morts et de filer au cimetière en creusant l’obscurité à l’aide d’une lampe lui a traversé le crâne en une seconde.
Autour de lui, le bois craquait, la nuit était froide, la solitude battait des ailes. Seule une ombre froissée sous terre semblait en mesure de retaper le regard de cet homme qui, boitant, descendait, fiole en poche, la route du bourg.
Hameau mort, éditions Jacques Brémond, 2014
Cet homme sort d’un bar. Il ajuste son pas. L’adapte au rythme de la foule. Il se sait d’ici et de nulle part. Ou de partout, si l’on préfère… Certains soirs, la distance qui sépare Le Valparaiso à Saint-Malo (intra-muros) du Den Dijver à Bruges lui semble disparaître en un clin d’œil. Pour un peu, le vent du nord portant fort, il pourrait même capter, mêlées au vacarme des vagues qui cognent pierres et murets aux abords du Sillon, quelques notes légères, claires et précises, directement sorties du ventre d’un beffroi. Il sourit, s’en amuse… Se reprend aussitôt et chasse l’idée d’un revers de main. Il lui préfère l’émotion du regard. Elle seule lui permet de saisir, en une seconde, telle ou telle silhouette entrevue par hasard dans un reflet de vitre… C’est pour cela qu’il aime tant se fondre dans l’anonymat mouvementé des rues et scruter tous ces visages tendus, en attente, eux aussi, d’un signe pour enfin se dérider, sourire au cheval qui passe, percer un bock chez Maës ou baiser les lèvres de Martha, la brune qui voltige, des verres de Palm plein les mains sur les pavés mouillés de la Hallestraat…
Il se déplace, se faufile entre cris et couleurs, porte à l’épaule un sac contenant tout un fourbi de peintre. C’est à cet attirail flottant, cognant parfois contre ses côtes – plus qu’à sa dégaine proche de celle de L’Homme qui penche – que je l’ai d’abord repéré, puis suivi dans son périple, le perdant durant quelques instants et le retrouvant plus tard, immobile, pieds joints face au large, regard jeté entre Cézambre et le Grand Bé, murmurant à la nuit tombante qu’il s’en faudrait parfois d’un rien pour qu’il ne balance, d’un coup (« allez, vlan, n’en parlons plus ») ses vieux rêves à la trappe.
Les lisières, éditions Apogée, 2008
Jacques Josse
Jacques Josse est né à Lanvollon dans les Côtes-d’Armor. Il vit à Rennes. Il a animé la revue Foldaan avant de créer les éditions Wigwam en 1991.
Bibliographie
Fissures, Amériane, 1979
Tachée de rue la blessure, Le Castor Astral, 1979
Fabrique, Le Dé bleu, 1981
Deuxième tableau, Le Castor Astral & L’Atelier de l’agneau, 1983
Talc couleur océan, La Table rase & Les Ecrits des forges, 1987, publie.net, 2010
Des Voyageurs égarés, Echo des brumes, 1994
Le Veilleur de brumes, Le Castor Astral & La Rivière échappée, 1995
En route vers l'Orient (gravures de Maya Mémin), Césure, 1996
Des étoiles dans le cœur, Dana, 1997
Vision claire d’un semblant d’absence au monde, Paroles d’aube, 1998, Apogée 2003 (édition complète : poèmes 1985-2001)
Un Habitué des courants d’air, Cadex, 1999
Café Rousseau, La Digitale, 2000
Ombres classées sans suite, Cadex, 2001
La Mort de Gregory Corso, La Digitale, 2001
Jules Lequier et la Bretagne, Blanc Silex, 2001
Lettre à Hrabal, Jacques Brémond, 2002
Bavard au cheval mort et compagnie, Cadex, 2004
De passage à Brest, La Digitale, 2004
Les Buveurs de bière, La Digitale, 2005
Sur les quais, TraumFabrik, 2007, publie.net, 2009
Les Lisières, Apogée, 2008
Près du pilier, La Digitale, 2008
Journal d'absence (avec des dessins de Georges Le Bayon), Apogée, 2010
Almaty, vol retour, La Digitale, 2010
Cloués au port, Quidam éditeur, 2011
Terminus Rennes, Apogée, 2012
Retour à Nantes, Maison de la poésie de Nantes (collection Chantiers navals), 2012
La dernière pirouette de Bohumil Hrabal, Approches, 2013
Liscorno, Apogée, 2014
Hameau mort, Jacques Brémond, 2014
J'ai pas mal d'écume dans le cigare, La Digitale, 2014
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Jean MAISON
Poèmes extraits de
Le boulier cosmique, éditions Ad Solem, 2013
La vie lointaine, éditions Rougerie, 2014
Araire, éditions Rougerie, 2009
La neige n’échappe pas au vent, sa beauté nous accable. Ce rien d’ordinaire tombe sur les quartiers les plus sombres, sur le replat des entrées de caves à charbon. A la lumière des lampadaires et des quinquets, à travers le halo des phares de voitures, virevoltent des flocons. J’étais décidé à suivre l’empreinte croisée des épaves. Sur la crête, des lignes électriques traçaient à vive allure des nuées orange. La pluie glacée dégrafait les auvents. La sphère nocturne s’allumait, pareille aux portes bleues d’un club.
Le boulier cosmique, éditions Ad Solem, 2013
La chevêche observe
L’identité lointaine
D’un cavalier en voltige
Elle relie son allure
A la téméraire passion des chevaux
La forêt aux sèves incendiées
Arrache de l’effondrement
Les coordonnées d’un éclair
Dans un galop de cendres
La vie lointaine, éditions Rougerie, 2014
Le lointain s'ouvre sur les champs
Et les prés inondés
L'illusion d'une neige fine
Corrige les remous
Les courbes assombries
En bordure des forêts
Des cordes entrechoquées
Flottent sur les eaux rapides
Et passent vers la piste perdue des visages.
Araire, éditions Rougerie, 2009
Jean Maison
Photo de Pierre Laffitte
Biographie
Jean Maison, producteur et négociant de plantes médicinales biologiques depuis 1976, est un spécialiste de l’herboristerie.
Très jeune, il s’engage dans l’écriture poétique.
Eloigné de l’univers littéraire, il adresse ses premiers poèmes à René Char qui le recevra au Busclat à partir de 1982 et avec qui il liera une forte amitié jusqu’à la mort du poète d’ « Aromates chasseurs ».
Il sera proche ensuite de poètes qui le soutiendront comme Grosjean, Clancier, Dupin pour lesquels il donnera plusieurs contributions.
Très attentif à la poésie contemporaine, il s’intéresse à sa diversité éditoriale et à ses différentes recherches et inspirations, notamment à la revue Recours au poème.
Depuis ses premières publications, il réalise des livres d’artistes avec différents peintres et graveurs parmi lesquels Kurt Mair, Ramon, Canta, Alain Giméno, Serges Serrano, Gérard Cyne, Yasmina Mahdi, Jan Voss, Jane Le Besque, Pierre Laffitte.
Bibliographie
Principaux ouvrages
- Grave, les Monédières, 1987
- Pour René Char, HC, 1988
- Tranchée ouverte, Jean Michel Ponty, 1990
- Une vague dans l’étau, Adélie, 1993
- A dos de loup, Adélie, 1995
- Contre la terre même, les Monédières, 1996
- Le jour Sylvestre, les Monédières, 1997
- En revenant sur nos pas, éditions de l’envol, 1999
- Tranquille comme un jeu de quilles, Myrddin, 2000
- Géométrie de l’invisible, l’atelier de l’agneau, 2000
- Terrasses stoïques, Farrago, 2001
- Consolamentum, Farrago, 2004
- Jan Voss : un pas devant l’autre, Virgile, 2008
- Araire, Rougerie, 2009
- Le premier jour de la semaine, Ad Solem, 2010
- Le boulier cosmique, Ad Solem, 2013
- La vie lointaine, Rougerie, 2014
Ouvrages collectifs :
- Pierre Reverdy CIPM, 2004
- Hommage à Jean Grosjean, NRF 2007
- Mélange pour Jacques Dupin : 04.03 POL, 2007
- Jacques Dupin : Matière d’origine Faire part, 2007
- Jacques Dupin : Revue Europe juin-juillet 2012
Livres d’artistes réalisés avec :
Kurt Mair, Ramon, Canta, Alain Giméno, Serge Serrano,
Gérard Cyne, Yasmina Mahdi, Jan Voss, Jane le Besque, Pierre Laffitte.
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Évelyne MORIN
Poèmes extraits de
Le Bois des corbeaux, éditions Gros textes, 2015
& Fragments d’invisible, Les Cahiers du sens 2013 ; Recours au poème, revue en ligne, octobre 2013
Paix
Que reste-t-il de ce qu’on ne sait pas
L’air est pur et bleu
Les voix dormantes
La guerre eut-elle lieu ici
Le jour semble intact
sans mémoire
La paix est rendue à la paix
Tant de souffrance pour arriver
à ce matin
Plus rien n’a lieu
et la terre s’étend à perte de croix
Le bleu du ciel croisé de blanc
Nul deuil que la tranquillité des champs
Des noms et des dates
et le temps peut s’arrêter là
sur cette terre qui n’était pas
vôtre Mais la mort
vous enterra
là Loin de vous
Soldats au bois mourant
Les arbres enchevêtrés du silence
des cris maintenant tus
Seules traînent les ombres
lumineuses de votre présence
absente
Un aigle surgit
de l’espace invisible
et s’envole
Ce fut un bref instant
une trouée de sens dans l’indicible
Et le bois se referma sur vous
Le Bois des corbeaux, éditions Gros textes, 2015
A cluster of violets in the grass*
La contemplation pour conjurer
le précipité des mots
Attendre que le monde s’arrête
pour commencer à dire
Ou
Se retirer dans la contemplation de l’eau
Attendre que les nuages aient accompli
leur passage au-dessus de l’étang
Juste alors écouter la cloche se poser sur l’instant
Dire cela que tu as attendu
A patch of violets in the sun**
* Un bouquet de violettes dans l’herbe
** Une tache de violettes dans un rai de soleil
Fragments d’invisible, Les Cahiers du sens 2013
Recours au poème, revue en ligne, octobre 2013
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