Note de lecture
 

 

 

Ces seize poèmes sont admirables d’expression retenue, de mystère et d’inquiétude.

Indépendamment des rêves nommément évoqués dans plusieurs poèmes, il y a bien quelque chose d’onirique qui parcourt tout le cycle : instabilité du récit, apparitions fugitives (à l’image de l’apparition-disparaissante chère à Jankelevitch).

Si [ces] poèmes étaient musique, peut-être entendrait-on celle de Federico Mompou (Musica callada) – musique toujours au bord du silence.

« Rien n’a pu ouvrir la parole »

                                                                                  Michel Passelergue

 

 

 

 

Les bois flottés du jour, d’Evelyne Morin. Éditions Encres Vives, coll. Encres Blanches 2019 n°760 (Michel Cosem, 2 allée des Allobroges 31770 Colomiers). 6,10 £

 

            Ce nouveau recueil d’Evelyne Morin nous fait pénétrer dans les arcanes de la conscience humaine, et même de l’inconscient, où « gisent au matin les mêmes rêves / défaits ».  La parole poétique est alors chargée d’exprimer l’indicible, dans des contrées où « rien ne peut écrire le vent », et où les enfants  sont perdus, « déposés sur la terre / sans racines que leur abandon à la mort à la vie ».

La mort et la vie en effet y poursuivent leur ballet incessant, livrant les humains « aux voies du hasard ».

            La poète sait exprimer les sentiments les plus profonds dans des phrases imagées et percutantes : « Chemins de neige emportés par les anges / La solitude est plus grande sur fond de ciel ». L’angoisse et la peur sont bien présentes dans la palette des émotions de l’auteure, mais parfois la paix et la tranquillité de l’âme  ont le dernier  mot,  dans « le silence qui ploie / sous la parole ».

             Évelyne Morin nous offre un nouveau très beau recueil : le mystère du monde auquel les poètes ont accès, y est suggéré,  avec les souvenirs d’enfance et les rêves, comme des « bois flottés du jour ».                          

 

Éliane Biedermann

 

in Interventions à Haute Voix, 2019