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Les escaliers des bords de lune sombrent dans le fleuve
La ville coule entre les draps
Un oiseau noir est entré par la fenêtre
fermée
Une chaise déshabillée pour la parade du désir
Des flots d’ombre montent jusqu’à cet instant
inverse
Le lit se fend comme un bateau qui renonce à la mer
Était-ce pour ces yeux dans le désert des visages
que tu naquis à la douleur
Sous les étoiles viendront boire les mirages
La nuit enfante la vacuité étrange de la nuit |
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Suite pour quatre-vingt-dix-neuf cordes
Un accordéon joue au bord de la vie
et s’étrangle
Dans les rues
L’aube épelle le corps à corps des ombres
C’est la fin du printemps
Le début d’une histoire arrêtée
La rivière coule sous les fenêtres fermées
Soleils pendus aux balcons
Le silence marche sur la ville
Les femmes lavent le deuil
au plus profond du ventre
C’est une histoire d’hommes
Une histoire de morts inachevées
J’ai grandi dans l’orage des étés
impossibles
Au chant des noms de l’ombre arrachés à la nuit
Le temps n’a pas dénoué la rivière
Tulle, 9 juin 1994 |
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